6 janvier 2016

Nevoa | The Absence Of Void (2015)


Au risque de se répéter encore un fois, on ne dira jamais assez tout le bien qu'il faut penser de la chapelle noire lusitanienne qu'incarnent nombre de hordes qui ne peuvent se repaître que dans l'obscurité de l'underground le plus pur. Nevoa vient donc du Portugal, comme le laissent deviner autant son nom que son label, le précieux Altare Productions. Ceci étant, le groupe, en fait un duo qui se partage tous les instruments sans plus de précision, ne nouent en réalité que peu de liens avec la plupart des autres prêtes de la péninsule tels que Inthyflesh ou Irae, pour n'en citer que deux. A la vision orthodoxe et cryptique honorée par ces derniers, le tandem préfère développer une approche plus évolutive sinon atmosphérique, plus proche en cela d'Agalloch ou de Wolves In The Throne Room. C'est un art noir aussi vertigineux que boisé qui se déploie tout du long de ce premier album conçu par ses auteurs comme la traversée d'une forêt. Les Ayatollahs feront peut-être la gueule à l'écoute de ces longues plaintes qui galopent au milieu d'une géographie vaste et meurtrie. A tort car Nevoa ne sacrifie jamais la négativité de son Black Metal sur l'autel de la technique ou de la sophistication car, bien au contraire, de ces riffs grésillants suinte une mélancolie crépusculaire. Toujours. The Absence Of Void repose sur une architecture curieuse qui se scinde en deux parties distinctes tant dans le fond que dans la forme, reliée entre elles par 'Alma', respiration squelettique hantée par une voix féminine belle comme un chat qui dort. L'album enchaîne tout d'abord deux pistes au format plus ramassé quoique d'une durée tout de même conséquente. 'A Thousand Circles', verge épique dressée dans la nuit, dont la rapidité du tempo ne grève pas le désespoir profond qui l'habite, n'est peut-être pas très original, braconnant sur les terres d'un post black forestier à l'américaine, mais, grandiose de bout en bout, creuse de durable stigmates dans la mémoire. Plus oppressant se veut en revanche 'Wind And Branches', édifice tellurique brutalement érodé par les coups de boutoir de guitares viciées. A ce premier et prometteur segment succède un second, basé sur deux sentinelles de plus de dix minutes chacune. Si elles n'évitent pas toujours les longueurs, 'Below A Celestial Abyss' et "The Absence Of Void' grondent cependant d'une force souterraine, plongeant l'écoute dans un abîme de désolation, emportées par des riffs pétrifiés, pulsations vallonnée aux allures de magma incandescent. Ce premier album d'un Post Black à la fois terreux et déchaîné, témoigne du potentiel de Nevoa, jeune formation qui ne devrait pas en rester là, surtout si elle parvient à canaliser sa foisonnante inspiration. (2015)


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