21 janvier 2016

Nechochwen | Heart Of Akamon (2015)


Nechochwen occupe depuis toujours une place résolument à part au sein de la chapelle noire, si tant qu'il en fasse vraiment partie. Car si ce n'est un chant hurlé, qui d'ailleurs souvent se mêle à un autre, plus clair et des atours parfois durs sinon rapides, on peut se demander pourquoi le groupe est arrimé au Black Metal. Et au final, ce sont moins ses racines extrêmes dont il demeure toujours quelques oripeaux qui expliquent cet ancrage que la dimension spirituelle quasi métaphysique de son art profondément ancré dans la géographie nord-américaine. A la lisière d'un neofolk automnal, les deux frères d'arme que sont Aaron Carey et Andrew Della Cagna peaufinent ainsi depuis dix ans une œuvre aussi rare que précieuse, à laquelle on peut rajouter celle de Forest Of The Soul, leur jardin secret parallèle, une œuvre dont la personnalité n'appartient qu'à eux. En 2012, le EP Oto fut une belle réussite mais son caractère uniquement acoustique a pu en décevoir certains, estimant, à raison peut-être, que c'est justement lorsque le tandem conserve des amarres à un terreau black metal qu'il se montre le plus à son avantage, vibrant alors d'une majesté à la fois puissante et émotionnelle. Cinq ans après Azimuths To The Underworld, Nechochwen nous offre enfin une troisième offrande longue durée que nous étions nombreux à attendre. Comme nous l'espérions, ses auteurs renouent avec un humus électrique sans pour autant gommer les arpèges forestiers dont ils sont coutumiers. Le résultat est à la hauteur de l'attente, opus chatoyant qui se pare des mêmes couleurs que les arbres en automne. Comparé à son prédécesseur, presque cosmique dans son expression du genre, Heart Of Akamon se veut plus terreux, plus connecté encore aux peuples qui vivaient en Amérique avant que les Européens ne viennent les envahir. Corollaire de ces teintes plus rugueuses, la musique arbore une agressivité, certes relative bien que plus affirmée que sur ses devanciers. A ce titre, 'The serpent Tradition', qui lance l'écoute, surprend. Après une intro acoustique belle comme un chat qui dort, le titre démarre, imprimant un tempo furieux, trame torrentielle néanmoins fissurée par des lignes de guitare osseuses. Il faut saluer le bel équilibre que le groupe est parvenu à atteindre sur cet album, entre éléments qui se déchaînent et envolées stratosphériques ('Lost On The Trail Of The The Setting Sun', 'Skyhook'), le tout tavelé de pauses squelettique d'une beauté aussi noble qu'admirable, témoins 'October 6, 1813' et 'Skimota', courtes et sèches respirations chargées d'une émotion boisée. Plus l'écoute progresse, plus les ambiances instrumentales s'installent, lentes et feutrées, d'une douce mélancolie, culminant lors de 'Kiselamakong', ode terminale aux confins du Doom. Vous l'aurez compris, Heart Of Akamon se révèle être une œuvre tout du long magnifique, d'une belle pureté de touches et de traits, emplie d'une noblesse que teinte une discrète amertume, hommage à ces Indiens, peuples courageux, chassés de leur terre. (2015)



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