Il
existe une tradition hollandaise du death metal, pas si éloignée que cela de
l'école finlandaise en moins baveuse et plus minérale toutefois. En un mot,
plus dooooomm ! Un homme semble incarner à lui tout seul cette chapelle, Martin
van Drunen qui, avec Asphyx (notamment), a contribué à en définir l'identité,
aussi froide que cendreuse. Point de trace (physique) du légendaire Batave chez Confrontation mais on
est pourtant bien obligé de penser très fort à lui et surtout à son ancien
projet, Hail Of Bullets, en écoutant son premier effort longue durée dont le
terrain a été préparé il y a un an par un EP séminal baptisé Fieseler Fi 103.
Moins pour la voix de Roy Grimreaper d'ailleurs qui, malgré cette même
tessiture granuleuse, n'est pas un clone de son aîné, que pour ce combustible
guerrier identique injecté dans le réservoir d'un death doom lourd comme un
panzer en pleine invasion de la Pologne. Implacable et caverneux, Aggregat 4 a
des allures de bloc de matière brute dont les lourdes racines s'enfoncent dans
les abysses, il est comme une falaise qui se dresse dans la nuit, érodée par
des guitares accordées plus bas que terre. En huit cartouches, les Hollandais
gravent au burin un art sévère, figé dans la cendre. Le pieds qui écrase la
pédale de frein, ils avancent pesamment à travers les lignes ennemies, machine
redoutable que rien ne vient jamais enrailler. Au fond d'un charnier plongé
dans une nuit sans fin, macèrent ces titres au funeste fuselage lesquels, au
rythme plombé d'un escargot ayant absorbé du Valium par boîte de 12,
progressent ( ?) vers une issue que l'on devine fatale, moissonnant les
cadavres avec une force souterraine. Nous pourrions en citer quelques uns mais,
par leur traits d'un gris heavy uniforme, ils finissent tous par se confondre
les uns les autres ce qui, loin d'être une faiblesse, confère à ce galop
d'essai la puissance sourde d'un agrégat compact. Minés par une noirceur
terreuse, ces assauts s'enchaînent avec une efficacité rampante, guidés par
cette voix écorchée et ses lignes de guitares qui raclent le fond des
carcasses. Et s'il manque de nuances, Aggregat 4 n'en souffre absolument pas,
première campagne prometteuse qui dévoile un potentiel qui ne fait encore
qu'affleurer. (2015)
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