Pondre un album par an ne lui suffit plus. Non, L.O.N. n’a rien trouvé de mieux à faire cette fois-ci que d’enfanter ni plus ni moins qu’une double ration de musique pour près de deux heures d’un Black Metal gonflé au paganisme d’Europe de l’Est et dont on n’aurait pas pensé qu’il puisse un jour aboutir à une œuvre aussi belle. Car, le polonais a beau tout faire tout seul comme un grand et comme d’habitude, il aboutit avec Wiara, nadzieja..., potępienie à une épopée symphonique qui rode souvent à la lisière du grandiose. Avec une économie de moyen qui est tout à son honneur, le misanthrope nous emporte très loin, dans les steppes orientales, dans un monde de légendes et d’histoire d’où rugissent le cri des armes et des batailles ancestrales. Evoquant parfois la beauté tribale du voisin Negura Bunget, Hellveto creuse un tertre envoûtant avec un chant rugueux et des guitares en forme de pinceau hypnotique. Loin d’en amoindrir la portée, les claviers, omniprésents, au contraire servent à colorer l’ensemble de touches folkloriques et pagan qui réussissent l’exploit d’éviter le piège du ridicule. Alors certes, la prise de son pourrait être plus puissante, plus ample mais sa modestie confère à cet album le charme de l’artisanat et du travail authentique. Le premier disque agglomère sept chevauchées au format traditionnel. C’est souvent majestueux, toujours épique et d’une poésie presque cendreuse. Le second versant quant à lui déroule un menu uniquement instrumental avec trois pistes de plus de vingt minutes chacune. De fait, celles-ci arbore le visage le plus symphonique – ce qui ne signifie pas qu’il soit pompeux – du projet polonais pour une réussite mitigée car émaillée de moments franchement magnifiques (« Kry ») mais dont la structure aurait sans doute méritée quelque coups de ciseaux. L’exercice démontre en outre que la musique d’Hellveto, nonobstant ses qualités d’écriture a besoin de lignes vocales pour atteindre sa pleine (dé)mesure. Dans tous les cas, le fan en aura pour son argent avec cet essai qu’il est permis de considérer comme un des plus appliqués du stakhanoviste Polonais. (2010)
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