13 octobre 2015

Nel Ventre Della Bestia | S/T (2015)


Parler d'album à propos de cet happening sonore éponyme enfanté par Nel Ventre Della Bestia, semble inapproprié sinon absurde car nous sommes là en présence d'un véritable rituel plutôt que d'un simple disque comme nos sens l'entendent. Mais parler de musique peut paraître tout aussi absurde en ce sens que les Italiens à l'origine de ce projet, dont le guitariste Matteo G. de La Cuenta, forgent en réalité un matériau aux allures de magma, qui se vit, se ressent, plus qu'il ne s'écoute. Et d'ailleurs, de quoi s'agit-il en fait ? De Doom ? De Drone ? D'Ambient ? Un peu tout cela à la fois en fait sans qu'on puisse vraiment apposer une étiquette, un nom, sur cette création qui s'apparente à une cérémonie aussi expérimentale qu'hallucinée. On sent que le trio s'est réuni pour tenter de capter une forme d'énergie primitive et d'apprivoiser le sacro-saint Riff. En découle donc cette masse bourdonnante, grouillante d'émanations aussi noires que rouillées. Sa structure en deux parties nous permet de l'aborder en détail.L'écoute démarre avec Bordoni e Bordate, piste de plus de 20 minutes au garrot qui remplit à elle seule près des trois quart du menu. Sa défloration se fait d'abord en douceur (c'est une façon de parler), autour de notes et sons répétitifs. Mais déjà, le climat y est malsain, comme empoisonné par un mal obscur qui le ronge. Pendant de longues minutes immobiles, rien ne semble réellement se passer. Des ambiances oppressantes s'installent tandis qu'une guitare aux contours déglingués lâchent des accords squelettiques en une espèce de transe chamanique. Puis, à mi-chemin, en une saillie brutale, le monstre jusque là presque endormi, tapi au fond de sa grotte forestière, se réveille. La six-cordes se met à hurler, soulignée par de lourdes et hypnotiques percussions sur fond de nappes électroniques aux confins de l'Ambient. Les dernières minutes s'achèvent en un maelström quasi bruitiste, que hante le manche de Matteo, noyé sous les effets  psychotropiques. Plus court, bien que d'une durée conséquente, Il Suno Circolare Della Ripetizione suit un schéma identique, élévation puissamment souterraine où les premières mesures minimalistes, égrenées par une guitare solitaire et osseuse cèdent ensuite le terrain de manière soudaine à une explosion d'ondes telluriques qui se répandent tel des secousses sismiques. A nouveau, la rupture semble proche. La folie également, qui suinte de ces rushs de six-cordes qui grondent jusqu'à un final aussi terreux que dissonant, râle caverneux qui laisse un goût de sang dans les oreilles. Une expérience, vide de sens pour une majorité mais qui saura remuer les chairs à vif chez les autres. A écouter absolument au casque et dans l'obscurité d'une nuit éternelle... (2015)


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