23 janvier 2015

Krönik | Reutoff / Sal Solaris - Eigengrau (2014)




Nouvelle production du précieux label Cyclic Law, l'une de nos officines préférées en matière de (Dark) Ambient, "Eigengrau" associe en réalité deux projets distincts, le duo Sal Solaris et l'entité solitaire Reutoff, tous les deux originaires de Russie et naviguant dans les eaux troubles de la musique post-industrielle. Glissée dans un noble écrin aussi mystérieux que réussi, l'oeuvre s'apparente par sa nature à un split, où chaque intervenant aligne sa contribution. Sal Solaris ouvre l'écoute avec ses quatre pistes auxquelles répondent les quatre titres suivants gravés par Reutoff. Comme souvent avec cet exercice, chacun y va de sa reprise issue du répertoire de son collègue de rondelle. Pourtant, par son évidente symétrie, par ses froids aplats mécaniques et désincarnés, l'opus se veut un tout homogène plus qu'un simple agrégat, ensemble unitaire grouillant de sonorités déglinguées où communient deux projets différents bien que complémentaires. Transe obscure hantée par une myriade de sons électroniques, la partition de Sal Solaris possède une dimension spatiale, quasi cosmique. Volontairement répétitives ('Navigare Est Necesse'), tour à tour sombres comme un trou noir à l'image de l'oppressant 'Essay On The reality Of Science Studies', aux confins de l'étrange, témoin ce 'Vivere Non Necesse Est', grandiose et trippante pulsation, ces plages libèrent une puissante hypnotique aussi hallucinée que démentielle, véritable kaléidoscope d'images mentales assourdissantes. Saccadée et écrasant, peuplées de tubulures martiales, c'est un art glacial et déshumanisé queSal Solaris tricote, duquel suinte pourtant une espèce de beauté grondante et lointaine. Avec ses nappes obsédantes ('No=Never'), la contribution de Reutoff se révèle sans doute plus rassurante, plus émotionnelle quoique tout aussi glaçante, proche d'une funeste hypnose. Les sons électroniques y prolifèrent, copulant avec des bribes vocales aux allures de discours venimeux ('Bury The Loved And Burn The Others'). Plus classique sinon accessible dans sa forme bien qu'elle fourmille de bruitages stridents comme l'illustre le long 'Stolen Eyes', plus de 14 minutes d'une supplique inquiétante, la musique de Reutoff est emportée par un souffle enivrant d'une noirceur pourtant palpable. Collaboration fusionnelle, "Eigengrau" est une réussite de la chapelle post-industrielle. (cT2014 | Music Waves)


Dark Ambient | 75:00 | Cyclic Law
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