31 mai 2014

Krönik | Glorior Belli - Gators Rumble, Choas Unfurls (2013)




Curieux parcours que celui de Glorior Belli. Au départ, le groupe faisait du Black Metal qui, sans faire alors preuve d'une grande originalité car trop inféodé aux canons suédois en vogue, a tout de même permis au groupe de se tailler un nom. A l'arrivée, nous avons affaire à une mixture poisseuse faite d'épais remugles Southern Rock avec une (lointaine) louche de metal noir, mélange étonnant qui permet aux Français d'être aujourd'hui presque arrimé à la chapelle Stoner ! Si la transition entre art noir et Rock velu qui sent sous les bras s'est opéré avec "Meet Us At The Southern Sign", troisième album d'une discographie qui en compte aujourd'hui cinq, le fait que son prédécesseur, "Manifesting The Raging Beast" ait vu la nuit chez le label de Greg Anderson (Sunn O)))), Southern Lord pour ne pas le nommer, était peut-être pourtant déjà un indice de cette évolution que personne n'imaginait alors en 2007 à l'époque de la sortie de cette seconde cuvée longue durée. Sans surprise, "Gators Rumble, Chaos Unfurls" enfonce encore un peu plus le clou dans cette terre lessivée fleurant bon les Bayous et les ambiances moites, idéale bande-son du film "Sans retour" de Walter Hill. Du Black metal originel, ne subsistent guère plus que de fragiles lambeaux : chant rugueux, rythme aussi rapide que fiévreux ('Wolves At My Door', 'I Asked For Wine, He Gave Me Blood'). Pour le reste, on baigne dans les relents empoisonnés d'une musique grumeleuse au cuir épais qu'on imagine presque jouée au fond d'un rade enfumé de l'Amérique profonde. Trapus, la peau tannée, ces titres sont souvent lancinants ('Le Blackout Blues'), rampants parfois ('From One Rebel To Another') mais toujours vicieusement malsains à l'image de 'Built For Discomfort' ou du terminal et éponyme 'Gators Rumble, Chaos Unfurls'. La guitare s'y taille la part du lion, sécrétant un désespoir moite, comme lors des premières mesures de 'A Hoax, A Croc !'. Elle a quelque chose d'un reptile qui glisse entre les arbres ('The South Will Always Know My Name'). Si certains lui reprocheront toujours d'avoir largué les amarres du pur Black Metal, c'est pourtant de cette manière que Glorior Belli a su forger son identité, donnant à celui qui l'écoute l'impression troublante de se trouver dans cette Floride marécageuse. Par contre, il est permis de lui reprocher de ne plus vraiment se renouveler, de tourner en rond, ce qui n'exonère en rien cet album d'une incontestable qualité. (cT14)


Stoner Black | 45:10 | Agonia Records | FB



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