3 février 2014

Chronique : Sorcier des Glaces - Ritual Of The End (2014)



Bien que son auteur ait fait montre d'une belle activité ces dernières années, Ritual Of The End n'en était pourtant pas moins fortement attendu comme un messie noir par tous ceux qui considèrent - à raison - que SORCIER DES GLACES comme l'une des créatures les plus passionnantes que la caverne québécoise abrite. Le fait que la sortie de ce cinquième méfait ait été repoussée et que son dernier vrai prédécesseur, The Puressence Of Primitive Forests date de trois ans déjà, les trois oeuvres qui les séparent se répartissant en réalité entre split (avec MONARQUE), EP (Monuments anciens) et exhumation (Snowland MMXII), ajoutaient encore à cette longue attente aujourd'hui récompensée. Ritual Of The End voit donc enfin la nuit, creusant un sillon identique à ses glorieux devanciers, vecteur d'une identité extrêmement forte, laquelle doit autant au chant à la fois ténébreux et haineux du maître des lieux qu'à cette manière, unique, de capter la froide et lugubre beauté de ces paysages forestiers septentrionaux, signature que complète des lignes de guitare fulgurantes et bouillonnantes d'un givre tranchant. En cela, plus que certains de ses compatriotes, SORCIER DES GLACES se veut le plus norvégien des groupes canadiens, filiation que soulignent tout un univers textuel ("Under The Moonlight") et la préférence de la langue anglaise sur le français, ce qui le distingue de hordes telles que FORTERESSE ou MONARQUE. La reprise de SAMAEL, "Macabre Operatta", extraite de Blood Ritual, participe enfin de cette influence européenne. Gravé au studio Hell et toujours animé par la paire constituée de Sébastien Robitaille, l'âme du projet, et du batteur Luc Gaulin, Ritual Of The End s'arcboute autour de sept complaintes dont la relecture déjà citée et une piste instrumentale sur laquelle nous reviendrons. Aidés par une trame étirée, entre sept et neuf minutes en moyenne, ces titres possèdent cette faculté à avaler toute trace de lumière, à faire souffler un vent glacial qui semble venir du fond des âges, ce qui n'étouffe pourtant pas un éclat, obscur et mélancolique, qui brille dans cette nuit froide et éternelle. Le tandem trouve aussi dans cette structure dilatée, le cadre propice pour sculpter un relief riche en atmosphères, sinistres et frissonnantes, à l'image de "Snowland" qui meurt peu à peu sur des accords squelettiques égrenés par une guitare prisonnière de la glace et qui se répandent tel un ressac morbide. De fait, épique et grandiose, chaque morceau est le terrier de richesses insoupçonnées. "The Frozen Sword Of Midnight" aux modelés toutes en nuances, tour à tour atmosphériques ou emportés par un blizzard furieux, "Morbid Ritual" dont la terrifiante amorce fait éclore dans notre esprit des images de mort, donnant le branle à une saillie effrénée que percent des crevasses abruptes ou bien encore "The Sign Of The Dead", sépulture monumentale qui trouve dans ces riffs tumultueux au goût de rouille, un socle funeste, forment les différents maillons d'une sarabande infernale. N'oublions pas enfin "Slumbering In The Dark", instrumental où pulse cette guitare grésillante secrétatoire d'une tristesse infinie. On n'insistera d'ailleurs jamais assez sur la puissance émotionnelle de ces courtes pistes qui avec peu suinte plus de désespoir absolu que beaucoup de longues plaintes, pause solitaire indissociable du Black Metal et que SORCIER DES GLACES réussit particulièrement. Tout comme cet album qui lui fait honneur. (La Horde Noire 2014)

Genre Black Metal
Label Obscure Abhorrence
Durée 53:34







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire