25 février 2014

Chronique : Beyond Sensory Experience - Faint (2014)



Sorti des froides terres suédoises en 2001, Beyond Sensory Experience n'a jamais vraiment été un projet de Dark Ambient tout à fait comme les autres, cultivant une étrange singularité au sein d'un pays où le genre peut être considéré comme une spécialité locale. De toute façon, comment pouvait-il en être autrement quand on sait que l'entité est entre les mains de Jonas Aneheim plus connu sous le nom de Darkh (MZ412, Poupée Fabrikk) ? Associé à K. Meizter, l'homme y explore les replis d'un art insaisissable où plus que nulle part ailleurs, les ambiances sont reines, effrayantes et organiques, froides et lointaines, d'un mysticisme crépusculaire . S'affranchissant du credo la régissant, cet hydre à deux têtes repoussent depuis toujours les limites de la Dark Ambient dont sa musique n'a parfois que le nom. C'est le cas de "Faint", huitième offrande des plus étonnantes car à des années-lumière de son hermétique devancière d'une part, et de la majorité des autres oeuvres du genre, d'autre part. Là où "Modern Day Diabolists" se révélait désincarné, son successeur semble, de prime abord au moins, plus accessible, prenant soin de poser de maigres balises sur ce parcours faussement linéaire. De fait, 'Bystanders', plainte aux sonorités  diaphanes ourlées d'une mélancolie profonde et qu'habite une voix féminine fantomatique, sonne comme une invite intimiste où le désespoir n'est jamais très loin, tapi dans les notes d'une épure glaciale d'un piano déchirant ('Blank'), dans ces nappes hypnotiques et mystérieuses à la fois ('Yearning'). Bien que chaque piste soit identifiable, pièces d'un puzzle qui peu prend forme, "Faint" se doit d'être appréhendé dans sa froide globalité, magma limpide d'une grande unité de tons et de traits, peuplé de fragments sensoriels en un kaléidoscope à la beauté triste et désenchantée.  Effluves répétives, soundscapes hantés, voix passées dans un filtre tricotent un maillage à la troublante ambivalence, tour à tour aérien et pourtant presque abyssal dans son amertume teintée d'une noirceur d'encre, dans ses atmosphères de désolation figée. Ecouter cet album au casque, dans l'obscurité d'une nuit frissonnante, seul cadre propice à sa défloration, fait éclore dans l'esprit des images de paysages désolés, solitaires. Vibrant d'une sourde mélancolie qui tout du long se répand telles les répliques d'une secousse tellurique, "Faint" a quelque chose d'une lente progression vers l'inconnu. Plus il avance plus le ton se fait grave ('Stale' et son piano funéraire) tandis que les traits tendent à s'effacer, ne laissant qu'une impression sensorielle plus que sonore, témoin le long 'Astray' d'un minimalisme aussi absolu qu'admirable dans ses arrangements. D'une grande unité, l'oeuvre n'en réclame pas moins nombre d'immersions dans son intimité pour en découvrir toutes les arcanes. Chaque visite met à jour des détails que les précédentes n'avaient pas réussi à dévoiler, marque des grands albums, ce que le successeur de "Modern Day Diabolists" est incontestablement... | Music Waves 2014 

Dark Ambient | Cyclic Law


  

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