11 décembre 2013

From the grave : Ave Maria - Chapter I (2011)




Le Black Metal, à force de lui rendre visite fréquemment, on le connaît dans les moindres recoins. Maintenant déjà ancien si l’on considère les travaux de Venom et Bathory comme ses fondations, l’établissement a vu ses pièces se multiplier au fil du temps selon l’humeur du moment (Black Doom, gothique, sympho, progressif, viking…) mais on s’est depuis habitué à ses extensions. De fait, les surprises ont tendance à se faire rares désormais dans le genre, gangrené qui plus est par des palettes entières de traîne-savates bas du plafond. Pourquoi une telle introduction ? Tout simplement pour dire qu’avec ce premier méfait d’Ava Maria, que précédait une lointaine démo, on en tient justement une, de surprise… Et une bonne, surtout ! Le Black Metal forgé par ces (comme de bien entendu) mystérieux Teutons n’affichent pourtant ni étrangeté ni innovation particulière. Il s’en dégage néanmoins une puissance hallucinante ainsi qu’une aura malfaisante qui prend aux tripes. Est-ce dû à cette batterie organique imprimant à l’ensemble un rythme infernal (sur "With Words Like Ecstasy" notamment), plus proche en cela du pur Hard Rock que des Blasts stériles trop souvent de mise dans l’art noir ? Sont-ce ces guitares libérant des décharges pleine de négativité ("The Cloven Psalmody") qui l’expliquent ? Peut-être ou pas. Mais sans doute ne faut-il pas chercher de raison et se contenter de prendre ce premier chapitre pour ce qu’il est : une tuerie pure et simple qui prouve que le Black Metal sans nécessairement chercher à se renouveler, peut encore se révéler surprenant. En neuf titres ramassés du feu de dieu car propulsés par une énergie noire et rampante, Ave Maria s’impose d’emblée. Rapide sans être supersonique, sombre sans être dépressif, dépouillé sans sombrer dans le piège du son dégueulasse et nécro, son art se veut toujours accrocheur et presque hypnotique dans sa manière d’être obsédant, de râcler les veines tel un scalpel rouillé. Psychotique, Chapter 1 réussit la gageure d’être à la fois une œuvre d’une violence épidermique et porté sur les ambiances que ses auteurs prennent le soin de ne jamais mettre en jachère. Toutes les compositions donnent des frissons sur la peau mais si nous devions ne citer que quelques exemples, le lent "Tongues", que polluent des riffs disonnants, "Coltus Behind Moral Walls", explosif à souhait, ou le puissant "Among Them" pourraient être ceux-ci. Mélodies entêtantes qui vrille et laisse de profonds stigmates dans la mémoire, canevas tendu comme le foc d'un navire duquel coule une sève pleine de fiel, définissent une écriture au cordeau. Signé chez Ahdistuksen Aihio Productions, Ave Maria fait donc une entrée fracassante dans le landerneau noir qu'il secoue avec une force malsaine sans, qui plus est, ressembler à quiconque. Assurément une des meilleures découvertes de cette année dans un genre O combien éprouvé ! (Music Waves 2011)



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