Deux
périodes bien définies se dessinent dans la carrière de Witch Mountain, figure
culte de la chapelle Doom US. La première court de sa naissance, en 1997, à
2003. Animée par le EP séminal Homegrown Doom puis surtout le galop d'essai
longue durée Come The Mountain, elle impose le groupe qui malheureusement ne
peut jouir bien longtemps de ce succès amplement mérité, pour les raisons
habituelles (travail, famille...). Ce n'est qu'en 2009 que les Américains
décident de remettre en route Witch Mountain, suite à la découverte de la perle
rare. Son nom ? Uta Plotkin. Ils trouvent dans ce petit bout de femme (mais
quel charme !) à la voix puissante, remarquée chez Aranya, la pièce qui
manquait à leur Doom des cavernes dont le chant était assuré au début du groupe
par le guitariste et co-fondateur (avec le batteur Nathan Carson), Rob Wrong. Tout
en admettant que l'étrange, car juvénile, beauté de la nouvelle recrue n'est
bien entendu pas étrangère à l'attirance que l'on peut désormais développer à
son endroit, force est de reconnaître que le combo a eu le nez creux en
l'embauchant. Moins Stoner façon fumette et (beaucoup) plus Dooooooommm, sa
musique a eu le temps de vieillir comme un bon vin, gagnant en épaisseur, comme
le confirme South Of Salem, tardive seconde offrande aux allures de nouveau
départ après une décennie d'absence pendant laquelle nombreux sont ceux qui
l'auront oublié. Avec le maître du son graisseux et sismique, Billy Anderson,
derrière la console, l'album ne pouvait qu'être coulé dans la terre
rocailleuse, celle de l'Oregon dont sont originaires ses auteurs, une terre
lourde de laquelle est prisonnier un Doom Metal velu qui sent bon les forêts de
séquoias, à l'image de ce "Wing Of The Lord", ultra Heavy, englué
dans la boue et donc incapable d'enclencher la seconde. Gravé en 2010, South Of
Salem est dans un premier temps publié sous la forme d'une autoproduction où
sont ramassés six titres, parmi lesquels on retiendra déjà le massif
"Hare's Stare" et ses douze minutes au jus, enclume qui voit Witch
Mountain repousser les limites de la pesanteur. Le chant de Uta Plotkin, aussi
imposant que son physique est frêle, confère à l'ensemble une touche vaguement
bluesy franchement agréable. Les autres morceaux ne sont pas en reste.
Mentionnons le tellurique "South Sugar", chauffé au soleil et
résonnant au son d'une basse énorme, ou bien encore "Plastic Cage". Repéré
par la tête chercheuse de Profound Lore, la galette est rééditée en février
2012 et enrichie de deux bonus, un court instrumental néanmoins excellent
("End Game") et une relecture à la sauce Plotkin de "Iron
Long", qui figurait au menu de Come The Mountain. Cette dernière permet de
mesurer l'écart qui existe entre le Witch Mountain originel, gentiment Stoner,
et celui d'aujourd'hui, d'une puissance du feu de dieu. Et ce n'est rien en
comparaison de Cauldron Of The Wild, troisième rondelle déjà mise en boîte et
sortie dans la foulée (ou presque) qui propulse les Ricains vers des sommets... 3/5 (2012)
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