Bien que s’achevant sur deux opus
– In Rock We Trust et Down For The Count - de moindre
qualité, l’ère courant de 1981 à 1986 correspond à la période dorée
de Y&T, celle des hits et des hymnes intemporels qui forment encore
aujourd’hui l’essentiel de la setlist de ses concerts. Le départ du batteur
historique Leonard Haze, alors remplacé par le futur mercenaire des fûts, Jimmy
DeGrasso, ainsi que la signature le liant au puissant Geffen, ouvrent un
troisième chapitre dans sa carrière parcourant les années 1987 à 1991, laquelle
correspond à son (temporaire) sabordage. Moins réputée et seulement animée par
deux albums studios un peu oubliés aujourd’hui, au détriment de leurs glorieux
aînés, cette période n’est pourtant pas à dédaigner et Contagious, le premier
d’entre eux, en témoigne. En effet, s’il confirme le virage franchement plus
glam/ Hair Metal négocié par ses deux prédécesseurs, comme l’illustre le
morceau éponyme ou "L.A. Rocks", bon cru au demeurant, il en gomme
par ailleurs le côté par trop lisse et, on peut le dire, un peu niais par
moment, qui grevait une bonne partie du menu de Down For The Count. Surtout,
les Américains y renouent avec une inspiration, une énergie et une variété, les
brûlots très rock côtoyant ballades et respirations bluesy qui font plaisir à
entendre, réussissant une poignée de titres dont certains n’ont (presque) pas
rougir de la comparaison avec les classiques du groupe. C’est le cas de
"Eye Of A Stranger", à l’entame portant la reconnaissable griffe du
guitariste Dave Meniketti et au brillant refrain, cependant que le (trop) court
et instrumental "I’ll Cry For You" affirme les tendances bluesy du
bonhomme et annonce déjà le méconnu On The Blue Side (1999), lequel
le verra se prendre pour le Gary Moore dernière époque, ce dont on ne
se plaindra pas. Surtout, Contagious accueille une très belle
power-ballade, exercice qui a toujours réussi à Y&T, véritable rampe
de lancement pour le jeu flamboyant et chargé de feeling de son incontestable
maître des lieux. "Temptation" séduit par sa mélodie et le solo qui
la transperce. Mention particulière enfin à "Fight For Your Life" qui
paraît vouloir également suivre ce chemin plus émotionnel avant de durcir le
ton. Voilà donc un bilan plutôt positif que tempèrent toutefois d’autres
chansons moins notables ("Bodily Harm"…) qui, placées en seconde partie,
contribue à déséquilibrer un album malgré tout plutôt agréable et largement
supérieur à son aîné de deux ans. Néanmoins, il est évident que la magie
auréolant Earthshaker et Black Tiger s’est diluée avec le
temps. Grand disque peu connu et injustement boudé à sa sortie, Ten confirmera
d’une part cette inspiration retrouvée toujours si personnelle, et d’autre
part, une envie qui n’y est plus, aboutissant en toute logique au split du
groupe… 3/5 (2010)
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