Plus les années et les albums (cinq déjà) passent et plus on mesure combien Sirenia traîne un poids bien trop lourd pour lui, celui que les fans de Morten Veland, son leader, lui font porter : maintenir en vie l'héritage des premières offrandes de Tristania, dont Veland fut entre 1997 et 2000 l'âme incontestable. Comme il ne reste définitivement plus grand chose de toute cette chapelle gothique norvégienne qui a connu son quart d'heure de gloire à l'aube du nouveau millénaire et surtout pas du côté d'un Tristania qui a depuis longtemps largué les amarres pour aller faire un peu n'importe quoi vers un Métal atmosphérique qui a pu faire illusion un temps, seul Morten semble maintenant posséder, aux yeux des amateurs de ce sous-genre, une parcelle de crédibilité. Après deux premiers essais sous la bannière Sirenia, At Sixes And Sevens (2002) et An Elixir For Existence (2004) d'une belle facture glacée, son public lui a pardonné un virage plus Pop/Gothic que Métal extrême particulièrement marqué depuis l'arrivée de Aylin, bonne et belle chanteuse mais au timbre bien trop impersonnel. Avec la mise en branle d'un second projet, Mortemia, permettant au maître des lieux de renouer avec son passé, certains ont cru que ce retour vers l'obscurité augurerait également chez Sirenia un assombrissement bienvenu des mélodies. C'est en réalité tout le contraire qui est en train de se passer. Débarrassé de cet héritage qu'il peut désormais tranquillement cultiver avec Mortemia (Misere Mortem l'a démontré il y a quelques mois et plutôt bien d'ailleurs), et quand bien même il affirme dans les interviews que The Enigma Of Life est l'album le plus sombre qu'il ait composé depuis Nine Destinies And A Downfall en 2007, Veland semble en effet avoir clairement choisi le camp du gothic-sympho aussi sirupeux que pompeux pour son principal port d'attache. Or, malgré tout le talent du bonhomme, il apparaît dans ce paysage musical dominé par Within Temptation, comme un quelconque suiveur, là où avec Tristania et son légendaire Beyond The Veil (1999), il s'imposait comme un précurseur. Par conséquent, cette cuvée 2011, si elle est très loin de se révéler mauvaise, confirme que le groupe ne touche plus du tout le même public que celui des débuts du musicien. Que la mélancolie gelée enrobant Widow's Weeds parait loin maintenant! Celle-ci a cédé la place à une musique lisse et (trop) mélodique. C'est certes très bien fait, une bonne partie de The Enigma Of Life s'écoutant sans déplaisir (citons notamment "A Seaside Serenades", "Coming Down", "Fading Star", "The End Of It All"...), toutefois il faut bien admettre que l'inspiration de Veland possède de plus en plus la fâcheuse tendance à se diluer dans la facilité la plus grossière. Le Norvégien mérite mieux que cette gentille soupe à la 'sous Within Temptation/Epica' qu'il nous sert désormais et on lui saurait gré, même si cela tient du vœu pieux, d'abandonner cette direction musicale où il brade son talent. Face à la banalité de ce cinquième opus au demeurant agréable, on en viendrait presque à préférer les derniers efforts de son ancien employeur, pourtant parsemés de maladresses. (cT11)
Sympho Gothic Metal | 64:57 | Nuclear Blast | FB
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