Une bonne surprise. Qui l’est d’autant
plus que, en toute honnêteté, on n’attendais pas forcément grand chose de cette
modeste horde espagnole dont My Last Breath Of My Mortal Despair est le second prêche impie longue
durée, originellement vomi en 2005 et auquel un nouveau label (De Tenebrarum
Principio) offre une seconde vie. Bien lui en a prit car cet opus méritait
effectivement de s’extraire de l’ornière de la confidentialité dans laquelle il
végétait depuis. Si elle ne convient pas à d’autres chapelles métalliques
(comme le metal progressif par exemple) qui se marient assez mal avec
l’artisanat, la petite série B trouve en revanche dans le black metal un
terreau parfait pour y croître et se reproduire. Trimbalant fièrement tous les
clichés que le genre traîne comme une casserole, aussi bien dans la forme
(faces de gargouille peinturlurées avec du maquillage acheté à Carrefour,
visuel sinistre…) que dans le fond (la solitude, la haine, de désespoir…),
Empty réussit pourtant, sans le dépasser – mais sans doute n’est-ce pas son
souci – à injecter un peu de sang frais au genre. Ni surproduit ni victime du
syndrome “ je chie un étron sonore au fond de ma cave éclairée à la
chandelle pour faire evil ”, My Last Breath Of My Mortal Despair répand avec largesse une négativité
qu’exsudent des complaintes qui ne sombrent pourtant jamais dans la mortuaire
agonie lancinante et répétitive que tant de misanthropes des caniveaux se
sentent obliger de régurgiter jusqu’à l’écœurement. Mais n’est pas Burzum qui
veut. Empty l’a compris, lui qui préfère égrener son mal être par le biais de
longues plages jamais monolithiques, forgées autour de venimeuses guitares
grésillantes et hurlantes (“ The Last Breath Of My Mortal Despair ”)
mais dont la vélocité agressive contraste avec les espaces plus atmosphériques
que les musiciens prennent soin d’ouvrir en leur sein et qu’ils enrichissent
par un travail au niveau du chant des plus intéressants. Qui plus est, les
Espagnols maîtrisent l’art de l’accroche qui vous vrille le cerveau en moins de
temps qu’il en faut pour faire jouir une femme en pratiquant un adroit
cunilingus : “ The Horrible Drawing Black Of The Veil ”,
“ The Spectral Paleness Of The Skin ”, “ Mortuary Tune Of The
Prisonner’s Anguish ” et surtout le suicidaire “ Owner Of
Wailings ”, émanations noires et décadentes, en témoignent. My
Last Breath Of My Mortal Despair se
veut la peinture de la décrépitude mortifère et terminale d’un monde peu à peu
grignoté par les ténèbres. Alors, de la série B certes mais cela n’enlève rien
à son charme underground, charme dont le true black aime tant se repaître.
C’est du reste, son principal atout. On attend donc désormais de pied ferme (et
fourchu), un véritable nouveau méfait d’Empty, groupe prometteur s’il en
est. 3/5 (2008)
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