2 septembre 2010

KröniK | Empty - The Last Breath Of My Mortal Despair (2005)


Une bonne surprise. Qui l’est d’autant plus que, en toute honnêteté, on n’attendais pas forcément grand chose de cette modeste horde espagnole dont My Last Breath Of My Mortal Despair est le second prêche impie longue durée, originellement vomi en 2005 et auquel un nouveau label (De Tenebrarum Principio) offre une seconde vie. Bien lui en a prit car cet opus méritait effectivement de s’extraire de l’ornière de la confidentialité dans laquelle il végétait depuis. Si elle ne convient pas à d’autres chapelles métalliques (comme le metal progressif par exemple) qui se marient assez mal avec l’artisanat, la petite série B trouve en revanche dans le black metal un terreau parfait pour y croître et se reproduire. Trimbalant fièrement tous les clichés que le genre traîne comme une casserole, aussi bien dans la forme (faces de gargouille peinturlurées avec du maquillage acheté à Carrefour, visuel sinistre…) que dans le fond (la solitude, la haine, de désespoir…), Empty réussit pourtant, sans le dépasser – mais sans doute n’est-ce pas son souci – à injecter un peu de sang frais au genre. Ni surproduit ni victime du syndrome “ je chie un étron sonore au fond de ma cave éclairée à la chandelle pour faire evil ”, My Last Breath Of My Mortal Despair répand avec largesse une négativité qu’exsudent des complaintes qui ne sombrent pourtant jamais dans la mortuaire agonie lancinante et répétitive que tant de misanthropes des caniveaux se sentent obliger de régurgiter jusqu’à l’écœurement. Mais n’est pas Burzum qui veut. Empty l’a compris, lui qui préfère égrener son mal être par le biais de longues plages jamais monolithiques, forgées autour de venimeuses guitares grésillantes et hurlantes (“ The Last Breath Of My Mortal Despair ”) mais dont la vélocité agressive contraste avec les espaces plus atmosphériques que les musiciens prennent soin d’ouvrir en leur sein et qu’ils enrichissent par un travail au niveau du chant des plus intéressants. Qui plus est, les Espagnols maîtrisent l’art de l’accroche qui vous vrille le cerveau en moins de temps qu’il en faut pour faire jouir une femme en pratiquant un adroit cunilingus : “ The Horrible Drawing Black Of The Veil ”, “ The Spectral Paleness Of The Skin ”, “ Mortuary Tune Of The Prisonner’s Anguish ” et surtout le suicidaire “ Owner Of Wailings ”, émanations noires et décadentes, en témoignent. My Last Breath Of My Mortal Despair se veut la peinture de la décrépitude mortifère et terminale d’un monde peu à peu grignoté par les ténèbres. Alors, de la série B certes mais cela n’enlève rien à son charme underground, charme dont le true black aime tant se repaître. C’est du reste, son principal atout. On attend donc désormais de pied ferme (et fourchu), un véritable nouveau méfait d’Empty, groupe prometteur s’il en est. 3/5 (2008)


                                   

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