15 juin 2010

KröniK | Klaus Schulze - La vie électronique 2 (2009)


Alors que le premier volet offrait tout de même une longue pièce inédite ("I Was Dreaming...") pouvant intéresser les geeks du maître allemand, La Vie Electroniques 2 est malheureusement vierge de raretés. De fait, ceux qui possèdent déjà les Jubilee et Ultimate Edition peuvent passer leur chemin. Pour autant, cette seconde exploration dans les archives de Klaus Schulze se veut tout aussi passionnante que sa devancière. Si cette dernière arpentait la période 1968-1972, celle qui nous intéresse aujourd'hui balaye quant à elle les années 1972 à 1975, soit une phase matricielle dans l'élaboration du son du musicien.
Ainsi, il est instructif d'écouter les trois disques dans l'ordre car ils nous permettent de suivre l'évolution de son travail, depuis les expérimentations cosmiques et froides qui ont donné ce chef-d'oeuvre d'avant-garde que demeure toujours Cyborg, jusqu'aux tissus plus planants, plus atmosphériques qui déboucheront sur Moondawn. On assiste à l'élaboration de son son qui peu à peu se met en place. Surtout, ces documents font taire un préjugé tenace que ceux qui ne connaissent pas son oeuvre attribuent à Klaus Schulze : si les synthétiseurs forment la trame, la matière première de ses créations, il n'hésite pas pourtant à recourir à bien d'autres instruments. Batteur de formation, quoique dans une veine très libre et expérimentale (il n'y a qu'à réécouter son jeu sur le Electronic Meditation de Tangerine Dream ou sur les premiers Ash Ra Tempel, pour s'en convaincre), Schulze est un touche à tout ; il pratique aussi la guitare, comme en témoigne l'étonnant "Minuet", capturé à Berlin en 1973. De même, sa musique n'est pas (et n'a jamais été) entièrement instrumentale. Là encore, des lignes vocales viennent parfois se greffer aux nappes électroniques qu'il tricotte ("Land der Ieeren Häuser" ). Comme pour le volet inaugural, trois disques de plus d'une heure chacun sont donc nécessaires pour parcourir la genèse de l'identité de l'Allemand. Le premier d'entre eux se compose de cing pistes. Les 20 minutes de "North Of The Yukon", dont la datation reste lâche (entre 1972 et 1973) naviguent dans les effluves énigmatiques de Cyborg. "Nightwind" (1973) se drape dans des sonorités liturgiques superbes que accompagnent des notes de guitares, comme "Minuet", qui lui succède. "Signs Of Dawn" (1973) est par contre une pièce totalement hypnotique, long voyage aux confins de l'étrange, qui évoque déjà certains maillages du futur Timewind. Enfin, "Study For Philip K. Dick", fait honore à son inspiration : barré, cosmique et gangrené par des bruitages bizarres et des effets passés dans un filtre. Le deuxième pan affiche trois longus plages, dont la premireè, subdivisée en 6 parties, dépasse les 40 minutes ! Toutes ont elles aussi été enregistrées en 1973. Le gros morceau de ce disque est donc bien entendu ce "Das groBe Identifikationsspeil", dérive interminable (dans le bon sens du terme, s'entend !) et avant-gardiste qui dépeint une paysage de science-fiction. C'est une véritable bande-son visionnaire et l'une des matérialisations en musique les plus justes du cosmos. Aride pour le moins. Vient ensuite l'envoûtant "Titanensee", qui étire sur plus de 20 minutes, un voile aérien et évanescent où l'orgue de Klaus (un Farsifa) renoue avec des accents quasi religieux. Vertigineux, "Electric Love Affaire" achève le disque et annonce lui aussi l'ère Timewind. Gravé en 1973, "Land der Ieeren Häuser" ouvre le troisième et dernier cd sur une note suprenante avec son chant dont j'ai déjà parlé et ses relents psychédéliques (on pense à Amon Düül 2 par exemple) qui l'ancrent bien dans l'époque qui l'a vue naître. Curieux, tout comme ce "Studies For Organ, Keyboards And Drumset" de 1974 lequel, comme son nom l'indique, est rythmé par des parties de batterie cependant que les claviers de Schulze etendent leur lit de sonorités électroniques enveloppées dans des réverbérations hypnotiques. C'est beau, notamment lorsqu'il déroule une trame nébuleuse qui préfigure clairement les créations à venir, à l'image également de "Memento Mori" et "Blaue Stunde", mis en boîte en 1975. C'est génial et aussi obligatoire que la Carte Vitale. 4/5 (2009)






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