Erik
Larson, le bûcheron de Virginie, Richmond USA, n'est pas du genre à se
contenter de téter des bières avachi dans son canapé. Alabama Thunder Pussy a
peut-être bu sa dernier Budweiser après avoir pourtant livrer sa meilleure
cartouche avec Open Fire, il a toujours (entre autres projets) Birds Of Prey
pour vidanger ses riffs graisseux et épais comme une semence masculine après
quelques jours d'abstinence. Birds Of Prey est un de ces groupes qui ne peuvent
être qu'américains. Il a ce son velu qui sent les dessous de bras, ce chant
rugueux biberonné au Jack Daniels typique et cette manière d'aller à
l'essentiel (les titres ne dépassent jamais les cinq minutes). Avec les jambes
arquées entre le sludge/doom et le stoner sudiste, le groupe où l'on croise des
mecs issus de Baroness, Municipal Waste ou Beaten Back To Pure (tout est dit
!), regurgite déjà son troisième glaviot en quatre ans. On ne perd pas temps
chez l'Oncle Sam. Et cela s'entend tout du long de ces douze enclumes.
Epidermique et intense, The Hellpreacher, tel Ted Nugent à un concours de
chasse, ne fait pas de quartier. Il usine un metal ultra pesant, plombé par des
guitares implacables ("Tempt The
Disciples"). Pouvant aussi bien balancer un uppercut brutal quasi punk
dans l'esprit ("Taking On Our Winter Blood", où Ben Hogg semble vomir
toutes ses tripes, "Blind Faith") ou un superbe, bien que très
(trop?) court instrumental ("As The Field Mice Play"), Birds Of Prey
atteint surtout l'orgasme lorsqu'il dresse une érection en béton armé.
"Mama", dont les premières mesures s'accrochent au cerveau pour ne
plus le quitter, "Juvie", introduit par une basse toute en rondeur
avant de s'accoupler avec des riffs dignes d'un panzer lors de l'invasion de la
Pologne ou le puissant "Alive Inside !" sont ainsi des saillies
écrasantes, emportées par une cadence pachydermique. Mais comme on peut aimer
la binouse, les armes à feu, lire Hustler et avoir quand même un coeur, les
Ricains savent aussi faire parler l'émotion et pas uniquement la poudre, comme
en témoigne le presque doom "The Excavation" et ses lignes de grattes
d'où suinte une mélancolie poisseuse. D'ailleurs Erik Larson et Bo Leslie
forment vraiment le socle mazouté sur lequel Birds Of Prey s'enfonce, avec
leurs riffs tour à tour sales et gras comme le ketchup ("False
Prophet") ou bien chargés d'une vraie finesse (la respiration
instrumentale aux teintes hispaniques "The Owl Close In"). Leurs
joutes ne sont également pas sans évoquer le grand hard rock et le pur heavy
metal dont Larson est d'ailleurs fan (il suffit d'entendre le dernier opus de
la Chatte de l'Alabama pour s'en convaincre), témoin le final jouissif de
"Giving Up The Ghost", notamment. Une belle "Busherie"
donc, un coup de poing dans la gueule et comme on est de bons chrétiens, on
tend la joue gauche avec une délectation masochiste... Amen. (2009)
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