31 mars 2010

KröniK | Nhor - Demo (2009)




Existe-t-il quelque chose de plus beau, de plus pur qu'une respiration instrumentale et acoustique ? La question mérite d'être posée, surtout si vous avez la chance de découvrir tel un trésor enfoui dans le creux de l'intimité d'une femme, ce premier essai de Nhor, projet anglais et mystérieux.  Ici, l’origine géographie revêt toute son importance. Une telle tristesse squelettique ne peut avoir vu le jour que dans un cadre grisâtre figé sous la pluie et le brouillard. Affilié à la scène black metal mais plus proche de la mouvance neofolk, Nhor dessine avec une économie de moyen un pastel de doom acoustique. On pense à Bosse, à Tenhi. Quelques notes d’un piano qui résonne comme le glas (« A Pale Glimmer », "Of Moth & Moon" , "Saithana") suffisent à tirer des larmes, à poser un décor drapé dans une mélancolie évanescente. Si parfois, des chœurs lointains, fantomatiques peuvent s’entendre (« Giantess »), le plus souvent ce sont de funéraires arpèges qui suivent le trait épuré de ces compostions automnales écrites à l’encre noire du désespoir. 

Autant hommage à la nature (le visuel, particulièrement réussi, l’illustre bien) que peinture spectrale d’une vie naufragée, cette démo est peuplée d’images délavées, de souvenirs oubliés. Le décharné « Sune » en constitue le plus bel exemple, introspection d’une grande sécheresse. Quand le piano y surgit soudain, le titre plonge alors plus encore dans une marre de regrets poignants. Il y a tant de beauté dans ces plaintes minimalistes qui évoquent quelques dérives solitaires le long d’une plage britannique en hiver (« The Branches Are Gathered »). A l’écoute de ces sept morceaux, on ressent toute la résignation de l’artiste qui se cache derrière ce projet sincère et authentique. Emotionnelle et à fleur de peau, cette musique vient du cœur ; contemplative, elle invite à regarder notre vie défiler au plafond de la pièce qui abrite le cérémonial quasi religieux que toute écoute d’un album  devrait être. Trop courte certainement, cette démo nous fait découvrir un talent immense dont on espère qu’elle ne sera pas l’unique signe de vie… (2010) ⍖⍖⍖

 

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