3 mars 2019

KröniK | The Vintage Caravan - Gateways (2018)


The Vintage Caravan pourrait n'être qu'un groupe de plus à se nourrir du rock des années 70, hard ou non, car il en coche toutes les cases : son moelleux (mais pas trop quand même), chant à la Robert Plant, volutes psyché et feeling orgasmique. Pourtant, il n'en est rien et le trio mérite finalement mieux que cette étiquette rétro qui certes lui permet de surfer sur une mode vintage dont il est un des fers de lance mais le réduit par la même occasion à de simples musiciens au goût anachronique qui se contentent de faire du neuf avec vieux. Ce qu'il n'est pas (tout à fait). Son origine islandaise lui confère déjà une identité curieuse, à la fois froide et chaleureuse. Si son format ternaire ne surprend pas, au moins lui assure-t-il une intensité, une immédiateté gourmande.


Enfin, là où nombre de ses concurrents peuvent se vautrer dans une certaine mollesse, lui possède une niaque, rythmique notamment, qui le rapproche d'un Led Zeppelin dont il partage la force lourde et l'ardeur émotionnelle. Reste que "Gateways", son très attendu quatrième album, pourra quelque peu décevoir ceux qui suivent The Vintage Caravan depuis ses premiers rots ou qui l'ont seulement découvert il y a trois ans avec un "Arrival" dont l'onde de choc demeure encore vive, en cela qu'il dévoile un groupe qui, sans (encore) ronronner, ne prend aucun risque. Si la forme (prise de son énorme et interprétation ad hoc) ne saurait susciter la moindre réserve, le fond paraît tout d'abord moins percutant que sur les trois disques précédents. Alors qu'ils lancent l'écoute d'une manière idéale avec l'impétuosité coutumière de ses créateurs, ni 'Set Your Slights' ni 'The Way' n'accrochent toutefois vraiment la mémoire car trop classiques. Il faut attendre 'Reflections' qui mêle puissance de frappe et atmosphères duveteuses nimbées de brume pour que l'offrande voie sa valeur ajoutée augmenter. Longue pièce flamboyante et éruptive où le jeu de guitare, fin et racé, d'Óskar Logi Ágústsson brille de mille feux, 'On The Run' poursuit cet état de grâce auquel les Islandais accèdent finalement lorsqu'ils se montrent sinon aventureux du moins davantage guidés par l'émotion qui couve sous la glace sans pour autant museler une énergie robuste. Aux côtés des quelconques (mais agréables) 'Reset' et 'Farewell', se glissent ainsi le gigantesque et progressif 'Nebula', apothéose verdoyante aux multiples couleurs, le pesant 'All This Time', comme prisonnier d'une gangue terreuse ou bien 'Hidden Streams' au tempo soutenu. Conclusion lente et bluesy, 'Tune Out' pourrait rejoindre ces grands moments mais il lui manque un soupçon d'audace pour cela et quelques coups de ciseaux dans ses 6 minutes quarante qui ne se justifiaient peut-être pas. Bien qu'il en révèle les limites, "Gateways" est encore une réussite à mettre à l'actif de The Vintage Caravan auquel un immense succès est une nouvelle fois promis, quand bien même il est possible de penser que "Arrival" lui a permis d'atteindre un niveau qu'il ne dépassera sans doute plus... (16/09/2018) ⍖⍖⍖


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