9 avril 2023

KröniK | Mägo de Oz - Gaia (2003)



Bien qu’encore relativement méconnu dans notre contrée (cela devient une habitude), les Mägo De Oz sont en revanche de véritables stars dans leur Espagne natale. Gageons qu’avec un sixième opus (déjà !) de la trempe de ce Gaia, concept-album ambitieux traitant de la conquête de l’Amérique par leurs ancêtres, ce retard impardonnable sera réparé. Fort d’une tripotée de disques depuis sa formation au début des années 90, le groupe pratique une musique hybride qui a tout du bouillon de cultures. Imaginez le Helloween de la grande époque qui ferait du folk metal chanté en espagnol, et vous aurez une (petite) idée de ce que Mägo De Oz trafique. Précédée d’une intro symphonique du plus bel effet, le titre éponyme se révèle très représentatif du syncrétisme musical de ses auteurs. Après quelques notes de piano, et durant plus de 10 minutes, on assiste à la copulation entre des riffs heavy que ne renierait pas Iron Maiden, une voix lyrique et haut perchée et des cavalcades de claviers dignes des grandes heures de Yes et ELP, le tout enveloppé par les interventions magiques d’un violon et d’une flûte. Le terminal « La Venganza De Gaia » reprend les mêmes recettes, avec un égal bonheur, une égale réussite. Ce mélange des genres pourrait être indigeste ; entre les mains de médiocres, il aurait effectivement pu l’être. Il n’est ici qu’harmonie et équilibre. 

Toujours digeste, enlevée et sautillante, puissante et émouvante, la musique de Mägo De Oz a tout pour séduire un large public. « La Conquista », « Alma » ou « La Costa Del Silencio » donnent envie de danser, et délivrent une bonne dose de bonne humeur salvatrice et communicative. Le chant en espagnol, qui peut surprendre en premier lieu le profane, participe beaucoup de cette apparente allégresse. Mais il sait aussi se colorer d’une douce mélancolie, le temps d’une ballade par exemple, comme sur « La Rosa De Los Vientos ». Mais le plus souvent, leur heavy folk metal est surtout rafraîchissant, notamment lorsque qu’il se teinte de touches celtiques, à l’image du très beau instrumental « La Leyenda De La Llorona ». Le groupe n’hésite pas non plus à aller braconner sur les terres de Deep Purple. L’ébouriffant « Van A Rodar Cabezas » en témoigne. Un grand disque donc, maîtrisé de bout en bout par des musiciens talentueux, bénéficiant d’une production claire et ample (ce son de basse, mon dieu !), sans doute un peu trop long (plus de 70 minutes) et qui aurait donc mérité quelques coupes, ce qui ne l’empêche pas de s’imposer comme une des œuvres majeures du folk metal aux côtés des pierres angulaires de Blackmore’s Night, Skyclad, Cruachan et Tuatha De Danann. (27.10.2007) ⍖⍖⍖

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