5 avril 2023

KröniK | Feral - Spiritual Void (2022)




Il y a six ans déjà, Feral nous avait bien fait saigner les muqueuses avec le séminal Doomwalk, premier crachat aussi sévère que crasseux. Le genre de cartouche qui laisse de profondes et purulentes cicatrices dans la chair et dans la mémoire. Et dans l'âme. Le genre d'album qui vous remue de l'intérieur à la manière d'une coloscopie un peu rude. Bref le genre de bestiole à laquelle on n'a pas trop envie de se frotter à moins d'être masochiste et dont la perspective de se prendre son successeur dans la gueule n'est pas franchement séduisante et ce, nonobstant la farouche habileté de ces quatre gaillards de géniteurs. Spiritual Void est pourtant enfin là, qui nous appelle, nous invite à le pénétrer en écartant des cuisses malfaisantes. Premier constat, l'âge n'a pas assagi ces Montpelliérains toujours aussi énervés. Et hargneux. Douze missiles dégueulés en à peine trente minutes au compteur, ça promet un bon tabassage en règle, une expédition punitive à travers un monde englué dans une noirceur épaisse. Sans retour ni rémission. Sans concession non plus à la plus petite trace de lumière, à la moindre trace mélodique. 

Ou si peu car ces gros riffs gonflés d'un stupre typiquement suédois ouvrent les vannes d'une brutalité accrocheuse qui met à mal les cervicales ('Death Stranding'), tandis que, associée à d'abyssales excavations, la logorrhée rugueuse biberonnée au Destop de Rodolphe n'est parfois pas sans évoquer le death doom cendreux d'un Asphyx et de son chanteur Martin van Drunen ('Watchdogs'). Musicalement, Feral ne déserte pas la terre d'un crust couturé de grind qu'il racle avec cette énergie épileptique coutumière mais en serrant davantage le frein à main, c'est un paysage plus lourd et dévasté encore qu'il laboure, fouraille avec une négativité souterraine, témoin ce 'Pool Of Blood', dont les quatre minutes (un exploit pour le groupe), après une entame survoltée, s'abîme dans les méandres de l'indicible. A la fois paroxysmique et caverneuse, cette violence sert de réservoir à une négativité aussi bourrue que poisseuse, reflet d'une société malade qui pourrit de l'intérieur de ses propres maux et dérives. (The Great Reset'). Certes toujours si radical dans son intensité fiévreuse et épidermique, Feral plonge cette fois-ci davantage son crust grind viscéral dans un baquet pollué de death suédois, ce qui le rend sans doute plus mordant, plus lourd également mais non moins féroce. Et plus implacable encore. (16.05.2022 | LHN) ⍖⍖

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire