11 avril 2023

CinéZone | King Hu - A Touch Of Zen (1971)




Aujourd'hui considéré à juste titre comme un chef-d'œuvre du cinéma taïwanais, A Touch Of Zen fut pourtant un échec commercial et il ne doit son salut qu'au soutien acharné du regretté Pierre Rissient qui contribuera à sa découverte lors du festival de Cannes en 1975. Son visionnage nous éclaire sur l'immense influence de son réalisateur King Hu sur les travaux de Ang Lee (Tigre et dragon) ou de Zhang Yimou et, d'une manière générale, sur le wu xia pian, ce genre cinématographique épique et chevaleresque. Long de plus de trois heures, A Touch Of Zen impressionne tout d'abord par sa beauté plastique à couper le souffle. Décors grandioses et éclairages savamment élaborés dessinent une symphonie de couleurs forestières et de paysages montagneux. King Hu y peaufine son identité à la fois visuelle et thématique dont les bases ont été magistralement édictées par L'hirondelle d'or (1966) et poursuivies par Dragon Gate In (1967). 

La trame tortueuse d'un récit héroïque et romantique tout ensemble lui fournit l'occasion de chorégraphier ces combats de sabre aériens qui feront le succès du genre autant que sa principale caractéristique. Bien qu'adapté d'un livre de Pu Songling, A Touch Of Zen porte l'indélébile griffe de son réalisateur dont on reconnait le féminisme mais aussi le primat de l'intellect sur la violence. Dans une jubilatoire inversion des rôles, la belle et mystérieuse Hsu Feng incarne le premier dans l'emploi visionnaire d'une femme vengeresse et combative cependant que Chun Shih offre ses traits raffinés, finalement presque féminins, au personnage du jeune lettré qu'on devine castré par sa mère. Fresque fastueuse et enveloppante, A Touch Of Zen reste peut-être le film le plus abouti de son auteur et un éternel mètre-étalon, non seulement du wu xia pian mais surtout du cinéma taïwanais tout court ! (23.01.2022) ⍖⍖⍖



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