Commençons par les présentations de rigueur car elles ont, au cas présent, de l'importance. Strangulation, qu'il ne faut pas confondre avec nombre d'autres groupes du même nom, est le fruit de la copulation hallucinée entre deux créatures espagnoles : DraGon de la formation de black death Akouphenom et Miguel Souto que les masochistes des musiques extrêmes, black, funeral doom, drone bruitiste et ambient connaissent bien. Pas vraiment de joyeux lurons adeptes du easy listening donc ! Et quand ils décident de mélanger leur semence, le résultat ne peut qu'être infâme et 100% evil. Dont acte. Désireux de fouiller la fente abyssale et obscure d'un doom plus mortifère que mortuaire car errant aux confins d'un drone ferrugineux, ils accouchent d'une seule piste malfaisante, objet de ce méfait séminal, procession qui s'étire sur plus d'une heure qui semble en faire le double tant elle est engourdie, engluée dans une marée noire qui vicieusement se répand comme une lèpre rouillée. Si le fantôme de Thergothon et des premiers Skepticism, Winter et autre Evoken sont convoqués, Strangulation macère avant tout dans le charnier effroyable d'Abruptum.
Le cadre est ainsi planté, démentiel par la forme, maladif et douloureux dans le fond. Borborygmes caverneux, hurlements qui percent une brume dissonante et guitares rongées par des souillures menstruelles irriguent cette interminable reptation dans les caveaux de l'indicible. D'une lenteur agonisante digne d'un escargot sous valium, c'est peu dire que cet album se mérite, chemin de croix pétrifié dont prétendre qu'il se rattache au doom tient de l'absurdité. Rituel cauchemardesque, l'œuvre se vit, se ressent plus qu'elle ne s'écoute. On s'y abîme corps et (surtout) âme, assommés par cette folie contaminatrice qui dissout toute trace de lumière sinon de beauté, efface toute velléité de progression. Le souffle hanté, l'écaille primitive, cette rumination inexorable se traîne dans les entrailles abominables d'un monde souterrain presque irréel et abstrait dans sa laideur étouffante. Vouloir décrire ce bloc de 66 minutes (forcément) n'a en vérité aucun sens car les mots se fracassent contre ses parois auxquelles rien n'accroche. Privés des balises, des repères habituels, on ne peut que se laisser avaler par les viscères sentencieuses de cette cérémonie gangreneuse et infernale. Strangulation n'usurperait pas le titre de méfait le plus evil infligé à nos pourtant plus si chastes oreilles depuis longtemps ! (le 26 novembre 2022) ⍖⍖⍖
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