24 mars 2023

KröniK | Sammal - Aika Laulaa (2022)




Amputé successivement du bassiste Lasse Ilano puis du claviériste Juhani Laine parti voler de ses propres ailes avec Tavat, Sammal se trouve réduit à la forme d'un trio. Les trois musiciens restants auraient pu leur chercher des remplaçants mais ils ont étonnamment décidé de poursuivre l'aventure ainsi, sans recruter de nouveaux membres, le guitariste et principal compositeur, Jura Salmi, servant de ses pédales d'effets pour mimer le son de la basse et des claviers. Et à aucun moment, l'écoute même attentive de Aika Laulaa ne trahit l'absence de ces deux instruments ('Pa Knivan' est en ce sens assez troublant). Nous aurions pourtant pu craindre que le départ de Juhani Laine soit préjudiciable à la qualité de ce quatrième album et à sa coloration progressive à laquelle ses synthétiseurs moelleux contribuaient grandement. Il n'en est donc rien et l'identité des Finlandais demeure miraculeusement intacte même si, power-trio oblige, leur rock sonne désormais légèrement plus hard que progressif, comme en témoigne par exemple des titres tels que 'Returning Rivers' ou 'Katse Vuotaa' aux traits appuyés et gorgés de guitares éruptives. 

Pour palier le vide laissé par les deux démissionnaires, Sammal a de fait naturellement mis l'accent à la fois sur la six-cordes et sur le chant. La première se taille la part du lion, parfois mordante ('Sehr Kryptisch'), souvent noyée sous une brume soyeuse ('On Aika Laulaa') mais toujours imbibée d'un feeling chaleureux. Le second brille de mille lueurs, usant à la fois du finnois, du suédois ou de l'anglais pour teinter ces compositions d'une tessiture pleine de nuances. Part importante de la signature de l'ex-quintet, la voix de Jan-Erik Kiviniemi enrobe plus que jamais cette partition d'un enduit aussi poétique que charmant ('Jos Ei Pelaa'). Fort d'une écriture superbe, Sammal allie énergie groovy et ambiances veloutées, baguenaudant le long d'une sente boisée tapie d'un humus psychédélique ('Grym Maskin'). Il en découle un album trapu dont le line-up dépouillé ne l'exonère pas d'une belle richesse instrumentale. Chacune des huit pièces qui le composent est un bijou d'accroche mélodique et d'atmosphères douillettes qui invite à la rêverie. Sans doute moins progressif quoique toujours aussi psyché, Aika Aulaa souligne au contraire les racines (hard) rock de Sammal dont il s'impose comme une des offrandes les plus jubilatoires. (13.11.2022). ⍖⍖⍖

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