D’origine irlandaise, Mael Mordha arbore fièrement le drapeau du Gaelic doom, dont il est le seul du reste à défendre les valeurs. Pourquoi pas ? Mais derrière cette étiquette un brin prétentieuse se tapît en fait un heavy doom épique coloré de touches pagan néanmoins excellent. Gaeltacht Mael Mordha reprend les choses où son prédécesseur, Cluain Tarb, dont il était une esquisse, les avait laissé. Mais entre temps, le groupe a fait d’incontestables progrès et ce qui ne semblait pas totalement abouti, un peu poussif aussi, il y a deux ans, ne l’est plus du tout à présent. La différence réside déjà dans une certaine forme de majesté épique et guerrière que le premier opus peinait à diffuser. Dès le terrible « Atlas Of Sorrow », qui du haut de ses plus de dix minutes, apparaît comme le morceau de bravoure du disque, on se sent écraser par une puissance tellurique comme expulsé des tréfonds de la terre. Le chant est tragique, désespéré et poignant (le monumental et entêtant « A Window Of Madness »), donnant vie aux légendes séculaires d’une Irlande éternelle ; les guitares sont abrasives, heavy et érigent des riffs obsédants ; les instruments traditionnels utilisés, comme les claviers, dressent les paysages, d’une sauvage beauté.
Ces longues épopées affectionnant les mids-tempos de rouleau compresseur ont des allures de forteresses, de bastions imprenables qui nous impose une humilité à laquelle les hommes font trop souvent fi. Il y a quelque chose de gigantesque dans cette musique, quelque chose d’un titan sorti de l’océan, à l’image de la pochette, splendide. Elle reste surtout unique car on ne voit pas d’autres groupes forger ce type de doom mêlant paganisme et sens de l’épique. On pense par moment à leurs compatriotes de Primordial pour le côté dark, mais cette filiation se veut très impressionnistes. La récente signature sur le label Grau (Longing For Dawn, Agalloch, Keen Of The Crow), qui signe peu mais bien, devrait permettre à Mael Mordha de voir ses efforts, ses progrès, récompensés. C’est tout ce qu’on lui souhaite, en espérant que la troisième offrande aux dieux gaéliques soient aussi énormes et qu’elle corrige une certaine uniformité qui empêche encore Gaeltacht… d’honorer totalement le culte dont il est le héraut. (24.10.2007) ⍖⍖
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