KröniK | Madder Mortem - All Flesh Is Grass (2001)

Qu’on le veuille ou non, que l’on aime le groupe ou pas, il faut bien lui reconnaître cette qualité : Madder Mortem est détenteur d’un son à nul autre pareil, d’une patte, laquelle doit beaucoup à la tristesse de ses chansons et à la voix de sa chanteuse Agnete, qui font que l’on identifie sans mal ses albums. Même quand ceux-ci opèrent une mue stylistique. La preuve cette seconde offrande qui n’a plus grand chose à voir, si ce n’est cette patte, ce son si particuliers donc, avec le doom atmosphérique sculpté sur son prédécesseur Mercury, sorte de croisement entre leurs compatriotes de The 3rd And The Mortal et Atrox. All Flesh Is Grass choisit une autre voie pour s’enfoncer dans les abîmes, celle d’un dark metal plombé aux confins d’une folie rampante, tapie dans le moindre recoins de morceaux aux allures de labyrinthe. Toujours aussi dépressive, bien que les ambiances mortuaires se soient quelque peu effacées, la musique a gagné en efficacité et en densité ce qu’elle a perdu en beauté et en envoûtement. 

A l’image de la pochette, ces titres sont comme rongés par la maladie, par une gangrène pourrissante. Ce qui explique pourquoi cet opus intéressant et riche peine parfois à faire son trou car en définitive, on ne retient pas grand chose de son écoute et ce, en dépit, de quelques perles noires et dérangeantes, telles que le puissant « Breaker Of Worlds », « Head On Pillow », le troublant « Ten Times Defeat » ou le terminal et long (comme toujours avec les Norvégiens) « Traitor’s Mark ». Madder Mortem est un groupe courageux et original – à l’heure de la standardisation musicale et du conformisme, il est important de saluer ces qualités -, mais il va devoir affiner un art encore incertain, maladroit, et néanmoins passionnant. Derrière la chrysalide qui commence à se fissurer, se cache un monstre dont on espère qu’il sera, une fois déployé, à la hauteur de ce que laisser pressentir All Flesh Is Grass. Les douloureux et terrifiants Deadlands et Desiderata confirmeront cette attente. (26.10.2007) ⍖⍖