13 mars 2023

KröniK | Candelabrum - Nocturnal Trance (2022)




A lui seul, Candelabrum résume toutes les raisons pour lesquelles nous vouons une adoration pour le black metal lusitanien le plus obscur. Anonymat d'une identité réduite à une silhouette noire et mystérieuse, sonorités abominables trempées dans un baquet de rouille, minimalisme squelettique de complaintes déglinguées qui ne filent jamais droit et surtout cette capacité unique à avaler toute trace de lumière sinon de chaleur, à capter cette aura nocturne et ce faisant à raviver la flamme sinistre de l'art noir tel qu'il aurait toujours dû être, cette expression cryptique échappée des ténèbres et œuvre de créatures qui ne semblent pas humaines.  A l'instar de Black Cilice, Candelabrum nous évoque ainsi tout un univers morbide, celui qui ne peut se repaître que dans l'underground par l'entremise de labels cultes (Altare Productions notamment) qui crachent ses hosties en cassettes ou vinyles, seuls formats qui sied véritablement à un genre qui se doit de conserver cette précieuse rareté. Après trois démos toutes ruminées en  2015 (et en tape évidemment), cette énigmatique entité a enfanté son premier véritable opus un an plus tard (Necrotelepathy) auquel a succédé en 2018 Portals. Mais depuis lors, sa semence paraissait déjà vouloir se tarir, seul un split 7' partagé avec Sulphuric Nights (Death Slumbers Amidst The Ruins) s'étant glissé hors de son caveau. C'est donc avec un soulagement masochiste mêlé d'une jouissance qui l'est toute autant, que nous accueillons, enfin, aujourd'hui ce troisième album. Ceux qui connaissent Candelabrum ne seront ni dépaysés ni déçus par ce Nocturnal Trance qui fait honneur à son titre, transe hypnotique toujours au bord du déraillement et d'un gouffre sans fond. 


Par le bais de cinq plaintes rampantes et tordues tout ensemble, Candelabrum fouille les limbes de ce black metal hanté dont il a le secret. Chant aussi hurlé que lointain, comme capté dans les profondeurs des abysses, nappes lugubres et quasi liturgiques érigent un édifice brumeux aux contours opaques. Pourtant jamais le Portugais ne confond traits décharnés et bouillie sonore. De fait, Nocturnal Trance étonne presque par ses atours moins sales et bordéliques que prévu. Le son est certes étouffé, comme avalé par un puits de brouillard mais chaque instrument quoique épuré s'exprime avec une livide clarté. Par surcroît, les mélodies, toujours sépulcrales cependant, ne sont jamais éconduites d'un ensemble qui inocule son venin de façon obsédante. 'Crystalline Telasthesia' ou 'Through The Mirror Of Divination' tissent ainsi une toile frénétique qui finit par nous engourdir et nous entraîner dans une tombe sise entre plusieurs dimensions. Souffreteux, le tempo peut être lancinant, presque immobile puis brutalement s'emballer ('Poisonous Dark Apparitions'), toujours nimbé de cette brume fantomatique qui confère à cet art noir un halo funèbre peuplé d'émanations sourdes, le repoussant aux confins d'un funeral doom blafard à l'image de 'Into Death's Trance' qui résonne d'effluves mortuaires. Une beauté dissonnante tapie dans les recoins de son intimité funeste, Nocturnal Trance peint la mort, agrégat grouillant d'atmosphères exhalées d'un caveau sentencieux. Plus que jamais, il y a quelque chose d'insaisissable, d'immatériel, de spectral, dans le black metal écorché par Candelabrum, créature découpée dans l'obscurité qui semble vouloir nous échapper....  (28.04.2022 | LHN) ⍖⍖⍖

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