CinéZone | Melvin Frank - Une maîtresse dans les bras, une femme sur le dos (1973)

Glenda Jackson a été récompensée par un Oscar pour son rôle dans Une maîtresse dans les bras, une femme sur le dos. Nombreux furent alors ceux à s'étonner que l'Académie ait préféré sa performance, qui plus est dans une comédie, à celles de Ellen Burstyn dans L'exorciste, de Barbara Streisand dans Nos plus belles années ou de Marsha Mason dans Permission d'aimer. Mais la comédienne anglaise est effectivement formidable au service de cette romance douce-amère et avec le recul, on ne peut que saluer ce choix, joyeusement iconoclaste, qui s'imposait en vérité de lui-même. A ce rôle évoquant les femmes modernes et indépendantes des années 30 et 40 alors tenus par les Katharine Hepburn et autre Joan Crawford, Glenda Jackson prête son dédain mêlé d'ironie ainsi que cette sensualité qui n'appartiennent à qu'elle. Quel plaisir de l'admirer dans un registre humoristique, loin de l'univers halluciné de Ken Russell (Love, The Music Lovers) ou empesé de Peter Brook (Marat/Sade) Nous en serons éternellement reconnaissant à Melvin Frank (Le bouffon du roi)  pour cela. 

Elle anime avec George Segal un couple savoureux, servi par des dialogues ad hoc. Les moments les plus cocasses sont fournis par le séjour espagnol qui les voit se disputer alors que cette escapade devait être romantique et passionnée. Ils finissent pourtant par s'aimer enfin et l'aventure sans lendemain programmée se mue en véritable histoire d'amour. Mais lui est toujours marié avec deux enfants. Le retour à Londres dans un Soho cosmopolite devient alors le théâtre d'une relation extra conjugale entre deux rendez-vous familiaux, Steven s'épuisant à jongler entre son épouse et sa maîtresse. Contre toute attente, leur union se solde par une séparation, non pas franche mais basée sur un malentendu, loin de l'happy end espéré. De fait son titre français au parfum vaudevillesque ne doit pas vous tromper, Une maîtresse dans les bras, une femme sur le dos se pare de petites touches dramatiques, peinture désenchantée d'une romance contrariée dont la fin certainement décevante colle tout simplement à la vie dans ce qu'elle a de triste et de gâché. Ce n'est pas un conte de fée mais l'histoire d'amour entre deux adultes que le hasard à souder mais que la réalité du quotidien rattrape bêtement... (vu le 04.01.2022) ⍖⍖