Blues For A Dying Planet fut en 2018 une des belles surprises livrées par ce doom rock gainé de chant féminin sans doute un peu trop à la mode mais qui toutefois ne déçoit jamais vraiment. Se distinguer au milieu de cette cohorte de groupes, souvent scandinaves d'ailleurs, biberonnés au psychédélisme seventies et ivres d'effluves gentiment occultes, n'est plus chose aisée et pourtant, à sa mesure (encore) modeste, Spiral Skies est parvenu à se faire remarquer. Moins pour les masques derrière lesquels ses membres (masculins) se sentent obligés de cacher leur visage sans grande originalité que pour la voix du feu de dieu de Frida Eurenius, chanteuse associant puissance et expressivité. Un petit EP plus tard (Cult), les Suédois sont enfin de retour avec une deuxième offrande. Si la recette demeure inchangée, ce qui est très bien, force est de reconnaître que Death Is But A Door fait mieux que transformer l'essai. Toutes les qualités qui coulaient dans les veines de son aîné l'irriguent à son tour mais encore davantage. A commencer par une écriture d'orfèvre qui souligne la différence entre Spiral Skies et ses nombreux concurrents. C'est bien simple, chaque titre de ce nouvel album est une gemme taillée dans le meilleur du heavy doom vintage, gonflé de mélodies qui s'accrochent à la mémoire pour ne plus la quitter et ce, dès 'The Endless Sea', amorce envoûtante et acérée.
Il n'y a évidemment rien de très ambitieux là-dedans, encore que les mutations incessantes qui travaillent 'While The Devil Is Asleep' ou la seconde partie de 'Nattmaran' qui le modifient en profondeur avec ses sombres embardées, témoignent d'une appétence réelle pour les structures mouvantes, les chemins sinueux. Ce que confirme également le très beau 'Time' dont le brusque changement de ton est amorcé par le chant parfois quasi baroque de Frida. Déjà pièce maîtresse (et découverte) de Blues For A Dying Planet, la belle délivre à nouveau une performance aussi éblouissante que flamboyante, aussi à l'aise dans les rugissements haut perchés ('Heart Of Darkness') que dans une théâtralité soyeuse ('Mirage'). Ses lignes vocales de caractère modèlent ces compositions dont il faut par ailleurs louer les multiples nuances, tétant tour à tour les mamelles du proto doom diabolique ('Somewhere In The Dark)' ou celle d'un heavy implacable dans ses lourdes accélérations et sa rythmique appuyée ('Into The Night') sans oublier de se fondre dans une délicatesse atmosphérique à l'image de la respiration 'Mirror Of Illusion', ultime râle de plaisir superbement progressif. Erigé par des musiciens fidèles à l'excellence suédoise, Death Is But A Door amplifie la réussite de son prédécesseur, fourreau élégant d'un doom rock à la fois maniéré et imparable, évolutif et obscur , propulsé par la déesse d'un culte funèbre aux ambiances mystérieuses. Dans ce genre, pugnace et rétro, Spiral Skies est une formation encore trop confidentielle dont il faut donc découvrir le talent au plus vite ! (24.04.2022 | MW) ⍖⍖⍖
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