1 février 2023

KröniK | Roi Rouge - Tant que je respire, j'espère (2022)




Tamiseur de la scène black metal ou death hexagonale dont il a exhumé quelques reliques oubliées, parfois en format CD (le Testament d'Articulo Mortis), le plus souvent en cassettes (le Forgotten Lust de Yuggoth), Herbert West Productions n'est pourtant pas fermé aux productions actuelles comme l'illustre Tant que je respire, j'espère, EP séminal que signe Roi Rouge. Pour autant, cet opus 4 titres pourrait aussi bien avoir été déterré d'un caveau scellé depuis deux ou trois décennies tant son contenu porte les stigmates sinistres du black metal des années 90, français en particulier. Le recours à la langue de Molière, morsures sépulcrales empruntes d'une poésie morbide, que déclame un chant à la fois écorché et plaintif tout comme ces griffures de guitare aux allures de scalpels venimeux labourant la chair, renvoient à cette imagerie sulfureuse. L'objet prend la forme d'une tape à l'habillage aussi noble qu'épuré. Sa défloration se pare d'un sentiment de mystère, d'étrangeté. Le nom du projet ainsi que la rareté des informations à son sujet participent d'une découverte énigmatique. 

Si ce Roi Rouge est le fruit des tourments d'un certain Adrian Frost, âme solitaire qui nous est inconnue, le fait que ce premier signe de mort invite le temps d'une plainte Baron Moloch, chanteur historique de Articulo Mortis, non seulement retient l'attention mais enracine aussi l'ensemble dans cet humus plus ancestral que nostalgique. Reste que ceux qui s'attendent à butiner dans ce menu trapu un art noir orthodoxe en seront néanmoins pour leur frais. En effet, quoique lui aussi nimbé de cette ambiance brumeuse qui tout du long infuse, cet 'Indésiré' se veut le titre le plus black du lot mais reflète peu la couleur générale de Tant que je respire, j'espère dont les trois autres pistes macèrent davantage dans un jus gothique, parfois même théâtral à l'image de 'La vérité' et ses atours obsédants. Quatre pistes, c'est peu évidemment mais suffit à donner envie d'en sucer davantage. Le maître des lieux s'y entend pour exprimer un mal-être prégnant mais jamais misérable, lequel suinte autant de cette voix imbibé de spleen profondément expressive que de ces arrangements sinistres (son hanté de cordes et de clavecin) sans oublier ces mélodies aussi entêtantes qu'incisives. Héritier de la scène black et gothique des années 90, Roi Rouge dévoile un potentiel certain accouplée à une personnalité secrète et équivoque. (04.04.2022 | LHN) ⍖⍖⍖

 

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