Le doom, et c’est encore plus vraie sous sa forme la plus exigeante, la plus aride, le funeral doom, est une matérialisation de la souffrance, de la douleur, de la tristesse. Ces sentiments exigent des groupes une sincérité qui ne peut être feinte. Pour sculpter de tels paysages de dépression, il faut y croire, ne pas pratiquer cet art uniquement parce qu’il est (relativement) à la mode. On pourrait la croire élitiste, pourtant cette musique ne cesse de créer de nouveaux adeptes. Longing For Dawn est de ceux-ci. Formé en 2002 au Canada, A Treacherous Ascension est sa seconde offrande, après un premier essai en 2005, One Lonely Path. En dépit de son jeune âge, le groupe maîtrise déjà admirablement cet art noir, dont tous les invariants sont bien alignés en rang d’oignons, ce qui n’est nullement un reproche. Les Canadiens ont gravé quatre complaintes, aux allures de processions funéraires, pour presque 50 minutes de douleur ; ils prennent donc leur temps pour répandre des ambiances suicidaires d’une vertigineuse beauté. Lancinant, abyssal, d’un désespoir absolu. Tel est A Treacherous Ascension. Rien que de très banal à première vue, rien qui puisse différencier Longing For Dawn des autres pourvoyeurs en spleen baudelairien.
Pour autant, il y a quelque chose d’insaisissable dans le doom funéraire érigé par les Canadiens, de vaporeux, à l’image du visuel de ce deuxième album, qui fait au final toute la différence. Ces titres, interminables pour beaucoup, figés dans le marbre de souffrance, possède, et c’est presque paradoxal, un aspect fantomatique troublant. Il y a comme un voile opaque, mystérieux, qui les enveloppe. Nébuleuses et atmosphériques ; ces longues plages hypnotiques nous échappent presque car l’on ne parvient pas à les attraper, à les saisir. Quand on croit les cerner, elles semblent presque s’évaporer. Ce qui ne les empêche nullement d’être des monstres de lourdeur plombées d’une gravité infinie. C’est pourquoi, ce disque est si réussi. Et d’une telle beauté. Car il y a de la beauté dans cette musique pour qui sait la percevoir. Sans doute fait-il avoir soit même souffert pour l’apprécier à sa juste valeur ? Comment ne pas avoir des frissons à l’écoute du terminal « Once Supreme », superbe cri d’abandon qui confine à une fatalité contre laquelle on ne peut rien… On tient là très certainement le meilleur album de Funeral Doom de l’année 2007. (01.11.2007) ⍖⍖⍖
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