Depuis Besvärtade Strofer, publié en 2005, le style forgé par Lik, groupuscule suédois comprenant des membres d’Armagedda, semble s’être fixé. Le temps du black metal primitif et bordélique de mise sur Ma Ljuset Aldrig Na Oss Mer est loin désormais, même s’il en reste quelques stigmates, notamment dans ce sens de l’épure qui caractérise l’art de cette entité mystérieuse. Lekamen Illusionen Kallet, comme son prédécesseur, lorgne quant à lui vers le spectre d’Isengard, l’un des éphémères projets de Fenriz de Darkthrone (est-il vraiment besoin de le préciser ?), l’un des plus passionnants aussi, tout en cultivant une identité qui lui est heureusement propre, soit un black à la scandinave, lancinant, tissé par des guitares dissonantes ; dépouillé, qu’il s’agisse du son comme des structures et porté par un chant sentencieux. Ces quatre titres scandés en suédois respirent la nature nordique et vibrent d’un passé viking éternel décidément source intarissable de maintes formations ayant prêtées allégeance à l’Art Noir.
Mais quatre titres, au demeurant assez longs, en moins de trente minutes, c’est un peu court. On aurait souhaité que Lik se fatigue un petit peu plus, cet album fleurant trop le machin vomi en quelques heures au fond d’une cave. Certes la volonté de dépouillement qui gouverne le groupe justifie cela, mais quelques complaintes supplémentaires n’auraient pas été de trop, ce qui aurait de fait permis à Lekamen Illusionen Kallet de gagner une force d’impact qui, en l’état, lui fait quelque peu défaut. Reste, et c’est bien là l’essentiel, quatre méfaits envoûtants, d’une beauté sourde et grise, surtout les deux derniers, funestes et vicieuses pulsations instrumentales dont le venin se répand en vous d’une manière insidieuse. C’est déjà ça de pris ! Mais on aimerait voir davantage d’ambition dans ce projet qui reste somme toute anecdotique. Sans doute n’est-ce pas là son but… Dans tous les cas, Lik conserve son intégrité et on ne peut que l’en féliciter ! (09.11.2007) ⍖⍖
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