17 février 2023

KröniK | Lik - Besvärtade Strofer (2005)




Les artifices collés au true black metal comme une moule à un rocher en vigueur sur Ma Ljuset Aldrig Na Oss Mer, de la pochette des bois en noir et blanc au contenu primitif et sinistre, ont été remisés au fond d’un caveau. Besvärtade Strofer a moins l’air d’un crachat sale et rustre, aussi goulu soit-il. Ce nouveau méfait du mystérieux Lik est bien plus abouti que son aîné. La production est claire, ne sombre pas dans la facilité nécro sans être non plus trop lisse ; les titres, six au total, sont plus longs, plus élaborés surtout ; on peut même noter l’utilisation d’un clavier liturgique sur « Syner » qui, utilisé à bon escient, participe de l’atmosphère mystique recherchée. Le socle est identique à celui de Ma Ljuset…, mais il a été enrichi, affiné pour un résultat bien plus probant, certes moins bordélique, evil et lugubre, mais plus riche, quand bien même l’album est à nouveau gouverné par un sens du dépouillement majestueux. 

Lik forge un black metal singulier, rapide parfois (« Akallelse »), presque groovy à la manière des derniers Darkthrone,  lent le plus souvent, presque doom par moment, surtout quand les guitares résonnent comme les vibrations morbides libérées par le cultissime Dolorian, entité finlandaise qu’évoquent certains morceaux, tels que « Syner » ou « Viterskog ». Guidé par un chant sentencieux et une basse qui claque (« Prolog »), l’art noir conçu par Lik, se dessine autour de longs titres venimeux, vicieux, froids et rampants, desquels suinte un malaise dérangeant. Trouble. Et toujours, comme fil rouge, cette tristesse forestière qui enrobe l’ensemble et culmine durant le poignant et terminal « Begravd », épilogue lancinant qui a quelque chose d’une marche funéraire et païenne le long d’un sentier balisé par des arbres aux allures de statues, gardiens séculaires d’une nature éternelle et opaques. Encore une réussite à mettre à l’actif de ces Suédois et qui prouve que c’est bien dans l’underground – qu’il n’aurait sans doute dû jamais quitter - que le vrai black metal se développe aujourd’hui. (10.11.2007) ⍖⍖⍖

 

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