Attention, ne nous emballons pas ! Howl Mockery At The Cross, habillé d’une pochette au goût exquis, épurée mais efficace, n’est nullement le nouveau méfait de Leviathan, quatrième côté du temple impie US avec Xasthur, Velvet Cacoon et Krohm, il est la réunion de titres (10 au total) restés jusqu’à aujourd’hui à l’état de démos. Pour autant, le résultat est confondant de beauté et de maîtrise. Cette poignée de blasphèmes n’ont rien de fonds de tiroir grattés par opportunisme pour surfer sur le buzz qui se développe actuellement autour de la scène black metal américaine en général et autour du groupe en particulier, quand bien même on parle moins de lui que du projet de Malefic. Ce qui n’est pas plus mal ! Non, bien au contraire, il s’agit peut-être même de ce que Wrest a enfanté de mieux. On ne peut qu’être terrassé par le souffle noir et oppressant qui s’en échappe. Drapées dans une production volontairement grésillante et cradingue, sans que soit étouffée une puissance purement démoniaque, ces longues scarifications morbides qui voient copuler la rapidité la plus agressive et la lenteur la plus agonisante, sont à même de vriller l’âme autant qu’elles vous entraînent dans le puits sans fonds de la désolation.
Assimilé à raison avec la chapelle Burzum, Leviathan tisse des paysages de décrépitude traversés par les cris écorchés et inaudibles de son unique membre. Mais à l’instar de ses confrères de sang et de sol, il y a toujours ce son pollué, opaque, comme formé de strates successives, dont le grain n’est pas tout à fait le même que celui, tout aussi dégueulasse pourtant, déversé par les Norvégiens notamment. Cette patine sonore est pour une bonne part (mais pas seulement) dans le charme vénéneux qui se dégage de ces entités du Nouveau Monde. Howl Mockery At The Cross en témoigne. Difficile de résister, de ne pas frissonner à l’appel obscur comme venu des abîmes les plus insondables, proféré par des titres aussi beaux, aussi désespérés que « Summoning Lupine », « Lycanthropus Rex », « Just Under Painted Grace » et ses riffs obsédants ou bien l’hypnotique et forcément burzumien « S.W.O.L. », qui résonne de cris inhumains absolument terrifiant. Alors que l’esprit qui guidait l’art noir semble mourir à petit feu là où il est né, ce sont des Etats-Unis et d’Europe de l’Est (avec la sphère Hate Forest / Drudkh / Dark Ages) que renaît aujourd’hui l’espoir, celui de la victoire des ténèbres sur la lumière, de l’élitisme sur le conformisme… (13.11.2007 | MW) ⍖⍖⍖
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