Kvarforth, patron du groupe Shining, a beau être parfois très con, cela ne l’empêche pas d’être aussi un homme de goût. On en veut pour preuve ses choix en tant que patron, de label, cette fois, avec l’éphémère Selvstmord, grâce auquel il a pu signer des formations aussi intéressantes que Krohm, Ondskapt ou bien encore ce Leviathan qu’il ne faut absolument pas confondre avec son homonyme américain. Les deux ne jouent clairement pas dans la même division. Loin du génie du one man band US, le suédois reste confiné à la série B, mais à la bonne série B quand même. Avec ce Far Beyond The Light haletant, Leviathan fait en quelque sorte le pont entre deux visions d’un même genre musical. Il conjugue la rapidité du black suédois (sans pour autant sombrer dans l’agression supersonique chère aux Marduk et autre Dark Funeral) au sens de l’atmosphère à la norvégienne.
Et s’il n’invente rien, respectant à la lettre les codes tant formel (livret minimaliste sans aucun crédit, pochette en noir en blanc, au demeurant mystérieuse…) que musical (son dépouillé sans être nécro, hurlements d’un supplicié que l’on écorche…) d’un art dont la philosophie ne recherche de toute façon pas nécessairement la révolution, le groupe n’en maîtrise pas moins son sujet. Sinistre, malsain, proche par fois de Shining (comme c’est étrange !), à l’image de « A Timeless Darkness » et son final lancinant, il sait distiller des riffs venimeux qui labourent tel un scalpel (« A Glorious Time Of Eternal Darkness ») et raviver la flamme noire et impie du pur black metal. Bon, Leviathan a encore du boulot s’il le veut faire son trou au sein d’un genre encombré jusqu’à l’écœurement, néanmoins les quelques trouvailles qui parsèment Far Beyond The Light (comme le break ouvrant sur un mid-tempo lourd et suffocant, qui coupe en deux « Du » ou le mélancolique instrumental final, gris et épuré) peuvent laisser espérer de grandes choses de sa part. A suivre… (11.11.2007) ⍖⍖
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