6 février 2023

KröniK | Dead Lord - Dystopia (2022)




Commençons par les choses qui fâchent. Artisan sympathique d'un hard rock nourri au grain des années 70/80 dont les albums In Ignorance We Trust (2017) puis Surrender (2020) ont su réveiller les nostalgiques de Thin Lizzy qu'il imite effrontément, Dead Lord n'en déçoit pas moins avec sa nouvelle livraison. Non parce que Dystopia n'est qu'un EP riche néanmoins de six titres, mais surtout parce qu'il ne sert pas à grand-chose ! Ou si peu... Quel est l'intérêt en effet de cracher une rondelle composée seulement de deux pistes personnelles figurant déjà au menu du disque précédent et complétée par quatre reprises dont deux d'entre elles s'agrégeaient déjà, elles aussi, à Surrender, certes dans son édition limitée ? A part se remplir les bourses et faire plaisir aux fans purs et durs gourmands des moindres petites miettes, on ne voit pas trop l'utilité de ce que les Suédois eux-mêmes présentent d'ailleurs comme le simple complément de leur quatrième effort, auquel nous aurions préféré qu'ils livrent un véritable successeur. 

Bien sûr, Dystopia permet de découvrir la dernière mouture du groupe qui, suite au départ de Olle Endenström, a vu Martin Nordin (Lucifer) troquer la basse pour la guitare, laissant son poste à Ryan Kemp mais ce changement marginal n'est pas en mesure de modifier la teneur de ce hard vintage dont l'identité doit tout à l'empreinte prégnante de Hakim Krim et sa voix singée sur celle du regretté Phil Lynott. Ceci dit, grâce à son énergie communicative doublée d'une prise de son très roots, Dystopia s'enfile sans heurt et non sans plaisir. Les déjà connus 'Dystopia' et 'I Staden Som Aldrig Slumar Till', version suédoise de 'Letter From Allen St', n'ont rien perdu de leur vitaminé pouvoir de séduction tandis que les quatre covers, coulées dans un moule thinlizzyien, ne souffrent d'aucune réelle faiblesse. Celles-ci ont au moins la bonne idée de revisiter des artistes qui sortent quelque peu des sentiers battus (D.A.D., Moon Martin) voire carrément méconnu en ce qui concerne Winterhawk dont la relecture du 'Ace In The Hole' donne envie de redécouvrir le hard rock tendrement progressif. De cette brochette se détache avant tout la reprise du 'Moonchild' de Rory Gallagher que la voix d'Hakim couvre d'une légère amertume. Agrégat de chansons originales (mais non inédites) et de reprises, Dystopia se révèle aussi agréable que dispensable, produit anodin qu'il faut prendre pour ce qu'il est, simple supplément d'un Surrender dont il prolonge la gouaille batailleuse et la bonne humeur décontractée coutumières d’un Dead Lord toujours sans prétention mais sans grande imagination non plus...  (07.04.2022 | MW) ⍖⍖ 

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