24 février 2023

KröniK | Angmodnes - The Weight Of Eternity (2022)




Etonnamment, alors qu'il a vu la nuit il y a près de neuf ans déjà, Angmodnes n'accouche aujourd'hui que de sa première offrande  ! Le duo n'est pas pressé, ce qui tombe bien quand on pratique du doom ! Qui plus est, The Weight Of Eternity n'est qu'un EP, format un peu court après autant d'années d'attente et de maturation. Néanmoins, comme toute bonne hostie doloriste, cette carte visite s'étire généreusement pour flirter avec les quarante minutes au garrot, indice précieux quant à la durée des trois pièces seulement qui la structurent. Musicalement, les Bataves braconnent sur les terres funèbres d'un doom blafard et minéral tout ensemble dont ils égrènent tous les invariants : tempo immobile, opposition entre voix caverneuses et chant clair, claviers englués dans l'hiver, guitares encroûtées par une inexorable mélancolie... Une fantomatique présence féminine saupoudre le tout d'une brume romantique ('Hollow Earth') qui n'est pas sans rappeler Shape Of Despair tandis que de discrètes lignes de violon évoque la silhouette tutélaire de My Dying Bride. Picorant à la fois dans l'école britannique et finlandaise sans renier ses froides racines néerlandaises, Angmodnes présente à sa manière une sorte de synthèse du funeral doom européen. Il a donc été à bonne école et récite sa leçon avec une application qui force le respect. 


Certes, le tandem n'invente rien - mais y a-t-il encore quelque chose à inventer dans ce style ? -, toutefois comment ne pas être touché, ému sinon bouleversé par l'émotion dont il ouvre les vannes avec largesse et noblesse. Depuis toujours, le doom reste moins une question d'originalité que d'ambiances sculptées au burin, (r)éveillant chez le pèlerin tristesse et regrets, qu'il invite à la contrition, au recueillement solitaire. En ce sens, The Weight Of Eternity s'impose comme un modèle du genre. Comment ainsi ne pas être emporté par ces lignes vocales plaintives qui semblent accueillir toute la souffrance d'une vie misérable ? Les Hollandais maîtrisent cet art de la douleur qu'ils épanchent avec un savant alliage de lenteur asphyxiante et de progression funeste, à l'instar de ce 'Under Darkness Vaults' qui, du haut de son quart d'heure de mélancolie engourdie, s'enfonce peu à peu dans les limbes. Riche de multiples nuances qui lui évite de sombrer dans la léthargie et brillant de lueurs mélodiques, ce galop d'essai présente un groupe très prometteur qui pétrit avec fidélité le funeral doom dont il offre une réplique d'une belle pureté de touche et de trait. (le 29 octobre 2022) ⍖⍖

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