Il arrive parfois que la musique d'un film soit plus célèbre que celui-ci. Tel est le cas de la chanson Stranger In The Night écrite par Bert Kaempfert et popularisée évidemment par Frank Sinatra qui s'en emparera peu après. Mais qui se souvient en revanche de D pour danger qu'elle envahit fréquemment de ses notes inoubliables ? James Garner lui-même ne gardait pas un grand souvenir d'un tournage dont il ne retenait que le plaisir d'avoir côtoyé Melina Mercouri flanquée de son mari Jules Dassin. Entamé par Cliff Owen (La déesse des sables), le film fut finalement confié à Ronald Neame ce qui, nonobstant l'incontestable métier du réalisateur de L'homme qui n'a jamais existé (1956) ou plus tard de L'aventure du Poséidon (1972), n'augurait d'ailleurs pas d'une franche réussite, expliquant l'oubli dans lequel il est depuis tombé. Bien moins convaincant qu'Un hold-up extraordinaire que Neame tourne cette même année 1966, A Man Could Get Killed ne tire en vérité son salut que de sa séduisante distribution qui sauve un récit conduit sans la folie que réclamait cette histoire conjuguant humour et espionnage dans ce style typique des productions européennes des années 60.
Si Melina Mercouri se montre agaçante selon son habitude, James Garner promène sa décontraction un peu molle qu'éclipsent le charme et le dynamisme distillés par le couple formé par Anthony Franciosa et Sandra Dee, actrice que le cinéma n'aura jamais vrai su utiliser à sa juste valeur. Les visages familiers, anglais (Robert Coote, Cecil Parker) ou italien (Nello Pazzafini) ajoutent au plaisir modique de voir ce film dont il faut véritablement attendre la dernière partie pour voir son rythme s'emballer. Un solide technicien aux commandes, une affiche engageante et l'histoire rocambolesque d'un homme d'affaires confondu avec un agent secret et traqué par de multiples personnes à la recherche de diamants qu'il est censé détenir, promettaient un divertissement aussi charmant que mouvementé. Ce que D pour danger ne réussit malheureusement à être qu'à dose homéopathique. Un film sympathique à tout le moins. (vu le 22.12.2021) ⍖⍖
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