21 février 2023

CinéZone | Doris Wishman - A Taste Of Flesh (1967)




On ne peut s'empêcher de ressentir de la sympathie pour Doris Wishman, réalisatrice (ce qui n'est alors pas si fréquent) qui n'a eu de cesse de patauger dans l'érotisme le plus fauché. Pas de moyens, un talent très mineur que n'exonère pas un ennui parfois mortel mais pourtant un charme inavouable transpire de ces productions pour cinémas de quartier. A Taste Of Flesh est assez représentatif d'une œuvre que certains jugent culte, ce qui parait quand même un peu exagéré. Le film est tourné dans le propre appartement de Doris Wishman non par choix artistique mais par contrainte budgétaire. Corollaire de cet impératif économique, un climat claustrophobique suinte de ce récit circonscrit à ces quelques pièces auxquelles le noir et blanc confère une épure granuleuse inquiétante. Durant près de soixante-dix minutes, la réalisatrice filme cette sorte de Je dois tuer (de Lewis Allen) en mode nudies, s'attardant selon son habitude sur un vase, un grille-pain, les pieds de ces comédiennes qu'elle drape d'une fine lingerie noire dans un style fétichiste. 

Honnêtement, ce n'est pas très bon mais A Taste Of Flesh n'est pourtant pas s'en créer un envoûtement hypnotique. La longue séquence d'ouverture où Peggy Steffans (madame Joseph W. Sarno à la ville) prend son bain, avant qu'une autre femme s'approche d'elle dans une  tension palpable, exhale un trouble érotisme alors même que cette scène ne sert à rien. Là réside, outre son goût pour la nudité féminine, la signature de Doris Wishman qui aime filmer des instants sans intérêt et néanmoins dramatiquement intenses. La séance onirique se révèle tout aussi bizarre tandis que la fin qui voit un des tueurs acculé dans la chambre n'est pas sans rythme. Un film curieux à l'image de l'œuvre de son auteur, aussi nul qu'ensorcelant.  (vu le 27.12.2021) ⍖



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