9 février 2023

CinéZone | Allan Dwan - Deux rouquines dans la bagarre (1956)




Acteur oublié et (trop) sous-estimé, John Payne possède pourtant dans sa besace nombre de grands (petits) films arrimés à ce qu'on nomme parfois avec condescendance des séries B mais qui parfois - si ne ce n'est souvent - s'avèrent bien plus agréable à regarder que des œuvres plus réputées. Aventures (Le pirate des sept mers), westerns (El Paso ville sans loi) et polars (Le quatrième homme) ont la préférence de ce comédien sympathique et toujours impeccable. Parmi ses pépites se glissent évidemment les fruits de sa collaboration avec Allan Dwan avec lequel il tourne quatre fois dont les fameux Quatre étranges cavaliers (1954) et Deux rouquines dans la bagarre. Celui-ci a particulièrement fait le bonheur des cinéphiles et des téléspectateurs de la regrettée Dernière séance. Pourtant, tiré d'un mauvais roman de James Cain (Assurance sur la mort), le film ne brille ni par son originalité ni par son suspense, tous les deux aux abonnés absents. A croire que le réalisateur était moins intéressé par le fond que par la forme et une atmosphère pesamment sexuelle. 

De fait, on n'en retient (presque) que les deux rousses incendiaires étalées par le titre français. Et quelles rousses ! Au sommet de leur brûlante beauté, Rhonda Fleming et Arlene Dahl, qui toutes les deux retrouvent d'ailleurs John Payne, après L'aigle et le vautour (pour la première) et Le trésor des Caraïbes (pour la seconde), rivalisent d'une trouble sensualité dans la peau de ces deux sœurs dont la relation quasi incestueuse est à peine voilée. Soutenu par la photographie chatoyante de John Alton, Dwan s'accroche à elles comme si cette histoire n'était qu'un prétexte à les voir évoluer au milieu de décors auxquels le travail du chef opérateur confère un cachet follement baroque. Entre les minauderies nymphomanes d'Arlene Dahl et les tenues sexy de Rhonda Fleming, en short et corsage moulant ou en déshabillés sous lesquels pointent de gourmands tétons, John Payne se voit presque relégué au second plan. Mais comme toujours, dans la peau de cette petite frappe ivre de pouvoir, il excelle pourtant avec cette force impavide qui n'appartient qu'à lui au milieu de ce curieux ménage à trois. Deux ans avant Traquenard de Nicholas Ray, Slightly Scarlett peint le film noir aux couleurs de la flamboyance en un exercice de style ensorcelant. (vu le 23.12.2021) ⍖⍖⍖


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire