Avertissement. Cette critique risque d’en fâcher plus d’un. Led Zeppelin est un peu au hard rock ce que les Beatles sont à la pop : plus qu’un groupe, un mythe. Et à l’instar du gang de Liverpool, le Dirigeable a tenté l’épreuve du double album. Le résultat ? Ce Physical Graffiti entré depuis dans la légende et que d’aucuns considèrent comme la pierre angulaire du groupe avec Led Zep IV. Voilà donc une réputation flatteuse et quelque peu exagérée. S’il faut saluer les Anglais pour cet exercice de style – peu l’ont tenté et surtout réussi ! -, reconnaissons que ce sixième opus est très inégal. Trop long (forcément), il a quelque chose d’une auberge espagnole où se côtoient chansons courtes («Bron-Yr-Aur ») et longues pulsations épiques (« In My Time Of Dying »), l’anecdotique (« Custard Pie ») et l’excellent (« Kashmir », « Trampled Under Foot », « In The Light », « Ten Years Gone »). Physical Graffiti demeure en revanche, sinon l’un de meilleurs albums du groupe, du moins sa dernière œuvre majeure. Cela aurait pu être un monument si ses géniteurs avaient mis en veilleuse leur prétention et n’avait accouché que d’un simple disque regroupant le haut du panier de cette quinzaine de compositions.
Parasité par une poignée de titres en fin de parcours, certes bien faits et efficaces (on parle quand même de Led Zeppelin, là !) et donc largement supérieurs au tout venant, cette offrande s’apparente plus à un laboratoire, passionnant répétons-le, où le groupe, et notamment son organiste John Paul Jones, donne libre court en toute liberté à son intarissable inspiration, mais qui laisse au final un sentiment mitigé et l’impression que le Dirigeable a trop voulu bien faire. Bon, ces réserves posées, il est évident que le travail effectué par Plant, Page, Jones et Bonham s’avère comme toujours remarquable ; les quatre musiciens planent tout là haut au-dessus des êtres humains. Poursuivant l’évolution entamée avec House Of The Holy, ils continuent d’avancer, de façonner leut art. En cela, cette double ration prépare le terrain des futurs Presence et surtout In Through In Outdoor. Le labyrinthe « In My Time Of Dying », l’incandescent « Trampled Under Foot », le bucolique « Down By The Seaside, illuminé par un puissant final, et le lancinant et arabisant « Kashmir », un des titres matriciels de l’histoire du hard rock, un des Everest du groupe, véritable modèle maintes fois copié sans être, bien entendu jamais égalé, l’illustrent bien. Un très grand disque, proche par moment des ambiances de Led Zeppelin III, qui, s’il voit Le Dirigeable s’éloigner quelque peu de ses fondamentaux, reste un incontournable, à défaut d’être le chef-d-œuvre que la quasi totalité de la planète voit en lui. (2007) ⍖⍖⍖
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