6 janvier 2023

KröniK | Led Zeppelin - House Of The Holy (1973)




Pourquoi House Of The Holy n’a pas été baptisé Led Zeppelin V ? Est-ce à dire que les premiers efforts du groupe formaient un tout cohérant, quand bien même le troisième d’entre eux esquissait une nouvelle approche de son art ? Il s’agit là certainement de branlette intellectuelle qui n’a pas lieu d’être. Habillé d’une pochette bien étrange laquelle, liée à un titre qui l’est tout autant, approfondie encore davantage le versant mystique du Dirigeable, House Of The Holy est donc le cinquième album de celui-ci. Ni meilleur ni en deçà de ses prédécesseurs (Led Zep IV trône bien entendu au-dessus de la mêlée), il reste une œuvre typique des Anglais, peut-être plus diversifiée, bien que l’influence bluesy tende à s’atténuer, n’hésitant pas à braconner sur des terres éloignées de son univers. La tentative à moitié réussie de reggae avec l’étonnant « D’Yer Mak’er » en témoigne. Comme d’habitude, l’album s’ouvre sur un titre pêchu, l’énorme et puissant « The Song Remains The Same » et sa rythmique de feu. Le très beau « The Rain Song » permet à Led Zeppelin de démontrer qu’il sait autant faire parler la poudre que le cœur. Long et tragique, drapé d’ambiances automnales, ce titre s’inscrit dans une longue tradition initiée dès le premier essai. 

Retour à de l’énergique avec l’entraînant « Over The Hills And Far Away », cependant que « The Crunge » quant à lui, surprend, avec ses lignes de chant curieuses et son groove funky évident. Mais le gros morceau réside dans le gigantesque « No Quarter », longue pulsation hypnotique, sur laquelle brille de mille feux le génial John Paul Jones, dont on ne dira jamais assez l’importance du travail et des arrangements au sein du groupe. Plus tard repris de manière fort peu convaincante par Ayreon (sur le EP Day Eleven : Love en 2004), ce joyau distille un pouvoir d’envoûtement absolument remarquable, avec sa construction en forme de va-et-vient ; montée en puissance sans cesse avortée mais néanmoins superbe. En comparaison, les efficaces « Dancing Days » et « The Ocean » semblent plus banals. Pas le plus grand disque du Dirigeable donc. Toutefois, grâce à une poignée de morceaux excellents, il s’impose encore une fois comme une cuvée parfaitement recommandable, et annonce par sa couleur musicale, son successeur, le légendaire bien que surestimé, Physical Graffiti… (21.11.2007) ⍖⍖⍖

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