24 janvier 2023

CinéZone | Howard Hawks - Boule de feu (1941)




Quand le grand Howard Hawks rencontre Billy Wilder, maître ès comédie (mais pas seulement), à qui l'on doit Certains l'aiment chaud (1959) ou La garçonnière (1960), cela donne Boule de feu, brillante comédie comme seul l'âge d'or d'Hollywood savait en pondre. Sorti la même année que Sergent York avec le même Gary Cooper mais dans un registre bien différent, Boule de feu s'avère très représentatif des comédies du réalisateur de Rio Bravo. Un homme calme, presque timide, mais non dénué de charme, voit débouler dans sa vie bien ordonnée une femme de caractère, énergique, extravertie et assumant sans complexe sa féminité. Comme souvent chez Hawks, les hommes ne connaissent rien à l'amour et ce sont les femmes qui mènent le jeu (du moins le croient-elles). Ici, l'homme est incarné par Gary Cooper qui jeune, était d'une beauté quasi angélique mais empreinte d'une touchante timidité dans les yeux et le sourire. Trop ténébreux et pas suffisamment touchant, Cary Grant, acteur fétiche des comédies de Howard Hawks (La dame du vendredi...) n'aurait pas du tout convenu au personnage. Quant à la boule de feu, elle est incarnée par Barbara Stanwyck, belle pour ceux qui aime (ils ont raison), actrice de tête, de celles à porter un film sur leurs épaules pourtant frêles. 

Tout en étant plus féminine, elle se révèle moins agaçante que Katharine Hepburn qui s'en prenait à Cary Gran dans L'impossible monsieur bébé (1938). Cooper, Stanwyck, deux tempéraments opposés mais qui fonctionnent idéalement comme en témoigne aussi la même année L'homme de la rue de Frank Capra. Hawks aime souvent marier l'humour à l'action. Ainsi, le ressort policier n'est pas absent de Boule de feu, le danger étant représenté par le duo animé par Dana Andrews et Dan Duryea. Propre au metteur en scène est aussi l'utilisation d'un lieu quasi unique, à l'image de la maison habitée par cette poignée de scientifiques (d'ailleurs tous savoureux dans leur rôle, du jovial Henry Travers au canaillou S.Z. Sakall), laquelle sert de théâtre à une bonne partie de l'histoire. Enfin, la patte de Billy Wilder est perceptible au travers de cet humour coquin voire un brin grivois (les sous-entendus sexuels à peine cachés derrière la métaphore des aiguilles d'une boussole) que le film délivre. Boule de feu est donc une réussite. Mais pouvait-on attendre au chose de la part de Hawks ? Celui-ci en proposera un remake quelques années plus tard et sous forme musicale. Si bémol et fa dièse (1948) est tout aussi sympathique mais mois bon que l'original. Il faut dire que Danny Kaye, tendre et rigolo au demeurant, est loin de faire oublier Gary Cooper. En revanche, question femelle, on ne perd pas au change avec Virginia Mayo, sans doute moins talentueuse que Barbara Stanwyck (elle est néanmoins excellente dans L'enfer est à lui et La fille du désert) mais plus... en formes ! (vu le 11.12.2021) ⍖⍖⍖



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