Lorsque Don Siegel et Michael Caine se croisent à l'occasion de Contre une poignée de diamants, leur unique collaboration, ils apparaissent tous les deux au sommet de leur carrière respective. Auréolé du succès engendré par sa fructueuse association avec Clint Eatswood (Un shérif à New York, Sierra torride, Les Proies et L'inspecteur Harry), le premier bénéficie enfin d'une grande liberté et de la confiance des studios après ses quarante années de métier, comme monteur tout d'abord puis comme réalisateur. Le second enchaîne alors quelques uns de ses meilleurs films de Trop tard pour les héros (1970) de Robert Aldrich à La loi du milieu (1971) de Mike Hodges, de La vallée perdue (1971) de James Clavell au Limier (1972) de Joseph Mankiewicz. A l'époque, leur rencontre est attendue mais sera jugée décevante et connaîtra un échec commercial. Contre une poignée de diamants n'en reste pas moins un film tout à fait intéressant à bien des égards. D'une part, le metteur en scène se coule avec une aisance étonnante dans un moule britannique dont on n'aurait pas cru qu'il puisse lui convenir, même s'il faut véritablement attendre la dernière partie du récit pour que sa patte nerveuse se montre réellement prégnante, maîtrise de l'action qu'illustrent la poursuite dans les couloirs du métro et la lutte sanglante entre Tarrant et McKee. Avant cela, dans un registre austère et plastiquement de plus en plus sombre, Siegel prend son temps pour tisser la toile dans laquelle son personnage principal s'englue peu à peu, dans une ambiance à la fois paranoïaque et très anglaise.
Habilement, le scénario tiré d'un roman de Clive Egleton use des faux-semblants et cherche à égarer le spectateur comme son héros. Soupçonné d'être de connivence avec McKee, il devra mener seul sa propre enquête pour démasquer le cerveau de cette affaire. Est-ce Cedric Harper vers lequel le jeu inquiétant de Donald Pleasence tend de facto le doute ? Est-ce le Superintendant Wray (Joss Ackland) ? De fait, Contre une poignée de diamants maraude davantage du côté du suspense hitchcockien que de l'espionnage jamesbondesque auquel des clins d'oeil sont malicieusement adressés (la référence à Sean Connery et l'essai de la mallette piégée en arme). Le dénouement à l'intérieur d'un moulin ne manquera d'ailleurs pas de nous évoquer le Correspondant 17 (1940) du sieur Alfred. D'autre part, il convient de louer la qualité de l'interprétation. Avec ce mélange de dureté et de distinction toute britannique qui n'appartient qu'à lui, Michael Caine impose une présence très forte tandis que Donald Pleasence excelle selon son habitude dans un rôle aux abords troubles. Froid et brutal, John Vernon complète cette affiche impeccable à laquelle Delphine Seyrig injecte une doucereuse perversité. Injustement sous-estimé, Contre une poignée de diamants mérite d'être réévalué à sa juste valeur, thriller d'espionnage sensible et ascétique. (vu le 28.11.2021) ⍖⍖⍖
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