5 décembre 2022

KröniK | Ossuaire - Triumvirat (2021)




Le label Sepulchral qui publie un album de black metal québécois, ce n'est pas vraiment surprenant mais assure toujours une jubilatoire dose de noirceur empreinte de cette froide sévérité typique de cette terre francophone enclavée. Une fois n'est pas coutume toutefois, ce n'est pas un des membres de la fratrie de musiciens composée de Monarque, Forteresse ou Délétère qui vient enrichir le passionnant catalogue de l'écurie fondée par Myrkhaal de Frozen Shadows dont elle incarne d'une certaine manière la vitrine, mais le plus modeste Ossuaire. Une démo éditée par les Productions Haineuses en 2016 (La diatribe infernale) suivie de deux offrandes espacées de quelques mois à peine en 2019 (Premiers chants et Derniers chants) ont néanmoins inscrit le nom de cette jeune pousse dans la mémoire embrumée de tout bon amateur de black metal canadien (ou pas) qui se respecte. Que le groupe n'accueille pas dans son antre quelques mercenaires renommés de l'underground québécois ne le rend pas moins inspiré, comme en témoigne ce nouvel essai. Simple EP sur le papier peut-être, Triumvirat mérite ainsi largement qu'on pose plus qu'une oreille sur son contenu. Parce que, fort de sa demi-heure de musique, il remplit un menu suffisamment garni pour se hisser au-dessus d'un mini-album chétif. Parce qu'en choisissant de développer un concept (sur lequel nous reviendrons), Ossuaire fait de cet opuscule une véritable création à part entière. Parce qu'enfin, les nombreuses qualités dont il se pare confirment que Triumvirat ne saurait être confondu avec un banal agrégat de fonds de tiroir. 

Le cadre est posé par une intro aux sonorités inquiétantes, presque hantées, comme échappées de temps anciens, époque lointaine marquée par le début du christianisme. Sinistre et crépusculaire, ce décor est celui d'un récit que le groupe décrit comme "Le périple du Chantre ardent, idole au visage d'or qui guida cent élus aux portes de la Grande Rome afin de purger la sainte terre de sa chrétienté", concept qui trouve dans 'La sainte purge' un écrin bouillonnant. Durant presque huit minutes, les Québécois martèlent un black metal aussi nocturne que véloce dont la brutalité se conjugue cependant à un sens des atmosphères épiques et glaciales. Lui succède le titre éponyme, taillé dans un même bois tumultueux auquel des chœurs valeureux confèrent une aura plus guerrière encore. Il faut attendre 'Ignopotentis' pour non pas voir le groupe serrer le frein à main mais enrober son art noir de quelques nuances bienvenues. Ces neuf minutes leur en offrent l'occasion, libérant par des guitares affutées des mélodies galvanisantes et brisant cette rapidité par l'érection de puissantes remparts, quand bien même l'ambiance brille toujours par sa noirceur ténébreuse tandis qu'un flot haineux irrigue ses veines. Plus trapu mais non moins mélodique, 'Cénotaphe' ferme le ban de cette obole évocatrice d'un âge obscur trempé dans le sang et incarné par des croisés impies. (le 17 février 2022 | LHN) ⍖⍖

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