16 décembre 2022

KröniK | Led Zeppelin - III (1970)




Quand bien même il intègre la tétralogie la plus fameuse de l’histoire du hard rock, il n’en demeure pas moins que, coincé entre le monstrueux Led Zeppelin II et la Joconde du genre, Led Zep IV, ce troisième album du Dirigeable s’avère au final une de ses œuvres les moins connues. Il est vrai qu’à part son puissant titre d’ouverture, « Immigrant Song », il ne propose pas (ou peu) de véritables classiques. Mais est-ce à dire qu’il mérite cette place un peu ingrate dans la carrière des Anglais. Oh que non, car on tient là certainement le disque le plus attachant du Zeppelin. Moins hard, il a quelque chose d’un voyage bucolique et coloré, à l’instar de l’ethnique « Friends ». Plus ambiancés, ces dix titres ont l’air de prime abord moins marquants que les célèbres « Whole Lotta Love », « Stairway To Heaven » et autre « Kashmir », ils recèlent pourtant de nombreuses richesses, de nombreuses subtilités que seules des écoutes attentives et répétées peuvent éclairer. Il y a une finesse dans le travail du quatuor qui rendent sans doute ces compositions moins évidentes. 

Pourtant, elles portent toutes le sceau du groupe, avec les vocaux haut perchés du père Plant, les riffs mystiques et mystérieux de Page, les sons de Jones et la batterie rouleau-compresseur de Bonham et l’énorme « Since I’ve Been Loving You » est une ballade absolument bouleversante, digne descendante du « Babe, I’m Gonna Leave You » du premier essai. Mais il y a cette poignées de chansons, toujours accrocheuses (« Out On The Tiles » et son final dantesque, « Gallows Pole »), épurées parfois (« Tangerine »,) voire doucereuses et acoustiques (« That’s The Way ») qui surprennent autant qu’elles séduisent. Led Zeppelin III est aussi aérien et insaisissable que Led Zeppelin II était lourd et terrien ; intelligemment, le groupe a décidé de ne pas faire fonctionner la photocopieuse, option aguichante quand on est pris dans la spirale du succès, mais plutôt d’offrir une autre facette de son visage (les bizarres « Bron-Y-Aur-Stomp » et « Hats Off To (Roy) Harper », et leur slide vicieuse). Sans doute, cet album est-il davantage ancré dans son époque, contrairement aux autres offrandes plus intemporelles, ce qui peut expliquer sa moindre renommée. Ce qui est bien injuste… (le 18 novembre 2007) ⍖⍖⍖

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