30 décembre 2022

KröniK | Led Zeppelin - I (1969)




Pour beaucoup, il y a Led Zeppelin (et les Beatles) et les autres. Si les autres sont humains et donc faillibles, le Dirigeable confine au mythe, à la divinité. En cela, il est donc difficile de le critiquer car un dieu est intouchable. Considéré, peut-être à raison, par ses fidèles, comme le géniteur du hard rock, le groupe mérite-t-il pour autant plus d’éloges que son rival Deep Purple ? La réponse à cette épineuse question dépend de votre propre rapport à ces deux géants. Et sans partager l’idée qu’il est le plus grand groupe du monde, ce qui après tout ne veut pas dire grand chose, et sans faire non plus dans l’hagiographie de bas étage, il faut bien admettre que Led Zeppelin est un monstre qui a posé les jalons du genre, que beaucoup n’ont fait que réutiliser (le superbe « Babe, I’m Gonna Leave You » n’est il pas la première power ballad de l’histoire ?). Il faut bien admettre que les musiciens qui le composent déversent leur fabuleux talent avec largesse, qu’il s’agisse de Robert Plant qui roucoule ou crie avec la même aisance, de Jimmy Page et ses riffs inventifs qui prennent leur source dans le blues (« You Shook Me »), là où ceux de Ritchie Blackmore puisent dans le vivier de la musique classique ou médiévale, de l’instrumentiste John Paul Jones et sa basse énorme, responsable pour une bonne part des ambiances très travaillées qui drapent les chansons ou de John Bonham dont le jeu de batterie tellurique (parfois proche de celui de Keith Moon des Who) propulse l’ensemble dans un tourbillon rythmique infernal. 

Il faut bien admettre enfin l’excellence des compositions, souvent plus complexes, plus touffues que celles de ces contemporains. Tour à tour accrocheurs (« Good Times Bad Times », « Communication Breakdown »), sombres et entourés d’une aura presque dangereuse (le démentiel « Dazed And Confused »), épique (« How Many More Times ») ou déambulation psychédélique  (« Your Time Is Gonna Come », qu’introduit de manière savoureuse l’orgue de Johns), ces titres sont de purs joyaux qu’aucun voile poussiéreux n’est depuis venu recouvrir. Combien sont ceux à avoir accouché d’une première cuvée aussi réussie ? Mais au-delà du mythe, on peut tout de même lui trouver quelques menues faiblesses. Si le fait, largement connu aujourd’hui, qu’une bonne part des morceaux ne sont en fait que des reprises, importe peu au final, certains d’entre eux sont moins essentiels (l’instrumental « Black Mountain Side », le bluesy « I Can’t Quit You Baby »). Surtout, Led Zeppelin I semble bien gentillet en comparaison de la dureté granitique de Deep Purple In Rock, œuvre tout aussi matricielle. Reste donc un album que tout le monde (ou presque) considère comme un chef-d’œuvre, le premier d’une longue série… (17.11.2007) ⍖⍖⍖⍖

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