DMRBR, derrière cet étrange patronyme se cache un jeune groupe français officiant dans un black metal d'obédience atmosphérique voire post black. Préparé par deux EPs, Stèles 1 & 2 (réunis il y a peu en un seul bloc en format cassette), Somnum Exterreri se hisse du haut de ses quarante-cinq minutes, premier véritable album de ce qui est désormais un duo. Nous y reviendrons. Loin de la fabrication maladroite, cet opus impressionne tout d'abord par le professionnalisme qui le borde. Le tandem s'est ainsi donné les moyens d'une sortie sous deux formats différents (CD et tape). Superbe, l'artwork crée un lien avec ceux habillant les Stèles, esquissant déjà un univers visuel affirmé, enraciné dans une géographie froide et minérale. Ce fourreau extrêmement soigné sert d'écrin à un contenu qui l'est tout autant, de la prise de son, claire et enveloppante, aux compositions, bourgeonnantes et émotionnelles, sans oublier une exécution qui ne souffre d'aucune maladresse. De fait, cette habileté couplée à une belle exigence font d'emblée de DMRBR un groupe digne des plus grands et qui n'a donc absolument pas à rougir de la comparaison avec d'autres productions plus exposées. Au départ, projet solitaire entre les mains de Sébastien Collombet qui grave seul ses deux premières ébauches, l'entité s'enrichit par la suite d'un chanteur (Josh Smith), apport plus que significatif en cela qu'il transforme la matière jusque là entièrement instrumentale modelée par le multi-instrumentiste.
Granitiques et torrentueux, quatre très longs titres bâtissent Somnum Exterreri. Cette charpente épique voisinant toujours autour des dix-minutes (voire plus) au compteur détermine un black metal à la fois bouillonnant et tentaculaire dont il reste quelque chose de la puissante souche instrumentale, visible dans l'impétuosité des guitares irriguant ce terrain plein de sinuosités. Tumultueux, 'Fragments' illustre parfaitement l'approche recherchée par DMRBR qui conjugue le regret d'une instrumentation mélancolique à la rage écorchée d'un chant qui, parfois, sonne étrangement plus death que black, évoquant alors une sorte de Opeth en plus terreux et nocturne. Plus véloce mais non moins sombre, 'The Eye And The Void' galope à travers des reliefs tout autant accidentés en une stratigraphie aussi âpre que tortueuse. Emporté par des rouleaux percussifs, 'Pearl' affiche des traits plus immersifs dont les sommets sont gravis par des guitares belles à pleurer, culminant lors d'une dernière partie pointilliste et bouleversante dont la force dramatique gronde plus encore dans le substrat déchainé d'un 'Foramen' définitif. Que cette offrande doive se contenter d'une sortie en auto-production aussi précieuse soit-elle, parait incompréhensible. DMRBR mérite amplement d'être soutenu par un label. Espérons que ce Somnum Exterreri foisonnant lui ouvre les portes d'une écurie qui pourra lui apporter l'exposition recherchée. (24.02.2022 | LHN) ⍖⍖⍖
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