Au risque de se répéter, les hommes ont perdu depuis longtemps le monopole de la brutalité testiculeuse. De fait, ceux qui, attirés par la présence d'une fille derrière le micro, espéraient peut-être butiner un peu de douceur dans Fear & Devastation en seront pour leur frais. Evidemment. Car Drina Hex, la chanteuse en question n'est pas vraiment du genre à ronronner. Plutôt à griffer. Voire à mordre surtout, plus proche en cela d'une Sibylle Colin-Tocquaine (Witches) que d'une fragile Castafiore. De toute façon, comme son nom le suggère, Burning Dead n'est pas un de ces groupes de metal gothico-symphonique, son créneau à lui puise dans le heavy metal nourri aux grains du bon gros thrash des familles. Jusqu'à présent auteurs d'un seul EP longtemps orphelin (Their Coming), les Parisiens jouissent donc encore d'une réputation modeste mais gageons que ce premier méfait longue durée devrait rapidement les extraire de l'ombre. Fear & Devastation affiche toutes les qualités requises pour cela.
Si, pesant et patibulaire à souhait, il respecte son cahier es charges, bétonnant des saillies hargneuses ('Eternal War', 'Convicted'), cet opus ne manque pas de nuances. Et plus son menu se dévide et plus il surprend par sa richesse. Celle-ci se matérialise par une appétence pour les durées aventureuses qui voit les Français galoper parfois même au-delà des huit minutes au compteur, comme l'illustre l'immense 'The Warrior'. Par ailleurs, Burning Dead n'est jamais avare en excellentes idées, ce qui lui dicte des compositions aussi acérées que sinueuses, témoin ce 'See Who I Am', dont la lenteur plombée ouvre les vannes d'une atmosphère malsaine. Tout aussi inquiétant, 'Army Of Darkness' souligne cette propension à serrer le frein à main pour perforer la terre de gouffres béants desquels s'exhalent des émanations noires. Autre qualité et pas des moindres, la performance de Drina est à louer absolument, pour sa puissance râpeuse bien entendu mais aussi pour ses atours parfois plus mélodiques à l'image d'un 'She' miraculeux. Et au final, si nous ne devions retenir qu'une chose de Burning Dead, c'est à sa capacité à surprendre et à bifurquer du chemin balisé que nous retiendrions. Il en résulte donc un Fear & Devastation percutant mais plus bourru que brutal et brillant d'une myriade de nuances. Un premier album prometteur et un groupe au potentiel évident. (le 05/03/2022 | LHN) ⍖⍖
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