12 décembre 2022

KröniK | Atolah - Post, Cross & Yoke (2021)




Commençons par les choses qui fâchent (un peu) : Post, Cross And Yoke n'est pas à proprement parler la nouvelle enclume de Atolah mais la simple réédition du EP du même nom daté de 2012, auquel a été agrégé Relics (2009), la première trace de vie discographique des Australiens. Sorte de compilation donc mais cette somme, outre le fait, qu'elle réunit sur une même rondelle, l'ensemble de leurs (maigres) enregistrements, s'apparente surtout à une sacrée bûche sculptée dans le stoner le plus pachydermique. Bref, le plus doom. Car si l'empreinte que le groupe a jusqu'à présent laissée se veut quantitativement plutôt frugale, en terme de son en revanche, c'est du lourd, du velu, du qui affole le compteur Geiger. Même une bonne dizaine d'années plus tard, ce que le trio a gravé n'a rien perdu de sa force robuste enrobée d'un occultisme crasseux de série B, comme le rappelle cette réédition bienvenue embellie d'un artwork particulièrement réussi. Ceux qui ne connaissent pas le groupe, tamiseront dans cette masse charnue d'une soixantaine de minutes, les effluves chargées en plomb d'un stoner sismique auquel le format ramassé de power-trio injecte une aridité brutale et sans affèterie aucune. 

La première partie du menu est consacrée à Relics dont les cinq pistes instrumentales dégorgent du riff, encore du riff et toujours du riff. Du gros qui tâche, épais comme des câbles à haute tension. Pierre (basse), Zaheer (guitares) et J-B (batterie) sont à l'unisson d'une pesanteur démentielle qui fait trembler les murs. Ca claque, ça frappe, ça assomme, efficacité bourrue que renforce plus encore l'absence de chant. Les trois titres de Post, Cross And Yoke accueillent pourtant des lignes vocales, celles vidangées par le bassiste mais elles ne les vident absolument pas de leur rusticité crouteuse. Tout au plus, leur confèrent-elles une patine plus enfumée, soulignant la filiation que le groupe tisse avec les Bongzilla et autre Sleep ('Mood Brewer'). Outre le chant, les morceaux du second EP étalent également une architecture plus travaillée, plus élaborée, à laquelle procède une durée plus massive (un quart d'heure pour 'Focke-Wulfe'). Mais là aussi, loin d'en sucer la lourde puissance, cette trame plus étirée abîme ce stoner doom dans un gouffre perforant le sol jusqu'aux entrailles de la terre. Nous ne remercions donc jamais assez Sleeping Church Records d'avoir ressuscité les premiers témoignages discographiques de Atolah dont ce Post, Cross An Yoke scelle par ailleurs le retour, après un sommeil de huit ans. Il est donc permis d'espérer que cette réédition soit annonciatrice d'une nouvelle offrande de la part d'un groupe renouvelé autour de Pierre, son fondateur et dernier membre historique. A suivre... (23.02.2022 | LHN) ⍖⍖⍖

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