Si son premier officiel en tant que réalisateur date de 1972 (Sollazzevoli Storie Di Mogli Gaudenti e Mariti Penitenti - Decameron n° 69), Joe D'Amato n'en continue pas moins à cette époque son métier de directeur de la photographie sous le nom de Aristide Massacessi, l'un de ses nombreux pseudos, quand il ne dépanne pas ses confères en panne de talent comme Luigi Batzella avec il partage la paternité des Vierges de la pleine lune (1973). A Bounty Killer In Trinity fait partie de ces bobines qu'il a bricolé durant la première moitié des années 70 sans être crédité au générique qui porte, au cas particulier, la signature du producteur Oscar Santaniello. Il s'agit d'un ces innombrables westerns italiens fauchés produits à un moment où le genre est déjà (presque) moribond, détrôné par le giallo et le polar urbain. Mais, habitué au budget radin, D'Amato s'accommode de ce manque flagrant de moyen qu'il compense par une mise en scène remuante quoique parfois trop démonstrative, laquelle extraie le film de l'ennui auquel le condamnait son scénario répétitif, que des scènes inutilement étirées tentent de combler.
Toutefois, Un Bounty Killer A Trinita, dont le titre se réfère à la série popularisée par Terence Hill et Bud Spencer afin de capitaliser sur son succès, manœuvre fréquente chez les producteurs et exploitants italiens (ou pas), possède, outre cette réalisation alerte et débrayée, une autre qualité, son personnage principal. Incarné par Jeff Cameron, ce chasseur de prime n'est pas un taiseux comme nombre de héros de western spaghetti répondant au standard établi par l'Homme sans nom cependant qu'il use d'une curieuse artillerie où arbalète et couteaux se frottent au traditionnel pistolet. C'est la seule particularité de ce film - encore que la fascination pour les armes traversent nombre de westerns de l'époque - qui recycle le thème éprouvé du tueur embauché par une ville afin de la protéger d'une poignée de bandits dont le chef se cache en réalité parmi ses notables. Modeste mais bien mené, ce qui n'est jamais pas si mal ! (vu le 20.11.2021) ⍖⍖
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